Le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur le reconnaît : « Ce n’est pas la rentrée dont on peut rêver. Nous vivons un choc démographique qui s’accélère. La pression est immense. Le système ne peut, durablement, accueillir des progressions de cette envergure sans des changements profonds », décrit Thierry Mandon, qui tient sa conférence de presse de rentrée mardi 20 septembre.

32 400 étudiants supplémentaires ont rejoint les bancs de la fac, d’après les premiers chiffres du ministère, après une progression de 42 000 étudiants en 2015 – 60 000 pour l’ensemble de l’enseignement supérieur. Le syndicat des personnels Snesup-FSU estime qu’il s’agit de « la rentrée la plus difficile depuis 2009 ». De premières difficultés remontent des établissements : à Lyon, des cours annulés pour un millier d’étudiants de sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), faute de salles suffisantes pour les accueillir. A l’université Toulouse Jean-Jaurès, les personnels de l’UFR de psychologie se mettent en grève pour dénoncer la « dégradation continue et rapide des conditions d’enseignement et de travail ».

« La rentrée se passe mieux que l’an dernier », souligne néanmoins Thierry Mandon. Après les affres de la rentrée précédente, où plusieurs centaines de bacheliers n’avaient pas encore de place dans l’enseignement supérieur à la même époque, sans compter les photos d’amphis bondés et les facs débordées, le locataire de la rue Descartes pointe les améliorations.

Pas de sélection en première année

Seuls quelque 17 bacheliers n’ont pas encore d’affectation, la réforme du processus d’Admission post-bac (APB) ayant permis de mieux réguler l’afflux d’étudiants, selon le ministère. « Il y a eu moins de tirage au sort cette année », développe le secrétaire d’Etat, qui déplore cette pratique, utilisée lorsque le nombre de places est inférieur à la demande.

« Nous avons pu satisfaire plus de vœux et mieux répartir les charges d’étudiants entre établissements, en optimisant les capacités disponibles », explique-t-il. « Si la psychologie et la médecine étaient concernées l’an dernier par le tirage au sort, cela ne touche plus que les STAPS », détaille-t-il. 11 000 bacheliers n’ont pas obtenu la place qu’ils demandaient en premier vœu dans cette filière – dans leur académie et en dehors – d’après la conférence des directeurs et doyens de STAPS.

Mais surtout « les perspectives budgétaires sont bien meilleures », insiste Thierry Mandon, rappelant les 850 millions d’euros supplémentaires décrochés pour le budget 2017. Pour le secrétaire d’Etat, les changements profonds nécessaires à l’avenir, outre la poursuite de cet effort budgétaire, passeront par la recherche de ressources propres pour les établissements, ou encore l’innovation pédagogique, qui permettra « la fin de l’amphi surchargé », espère-t-il.

Il écarte en revanche toute sélection à l’entrée de l’université, malgré les premiers coups de boutoir en justice contre le fonctionnement d’Admission post-bac. Et prône plutôt une orientation renforcée, particulièrement pour les bacheliers professionnels et technologiques en direction des BTS et DUT. La création de 2 000 places en BTS dans les cinq prochaines années, actée au sein du plan Jeunesse du printemps dernier, constituant selon lui un début de réponse.

Sélection en master : la dernière ligne droite

Il reste un dossier sur lequel le gouvernement est attendu au tournant d’ici la fin du quinquennat : la sélection en master. Pour résoudre une situation juridique bancale, qui a donné lieu à une multiplication de procès depuis deux ans, la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, s’est avancée en promettant une loi pour novembre. Avec deux principes à articuler : un « recrutement » à l’entrée du Master 1, ainsi qu’un droit à la poursuite d’étude en master pour les étudiants.

Thierry Mandon préfère lui la « discrétion », au moment où les négociations battent leur plein entre des acteurs apparaissant parfois difficilement réconciliables. « Il faut travailler le plus vite possible. C’est de l’intérêt de tous : des étudiants, dont 75 % veulent poursuivre en master à l’issue de leur licence, et d’un certain nombre de masters, à l’entrée desquels une sélection à l’entrée me semble légitime », tranche-t-il. Pour le secrétaire d’Etat, pas de tabou sur la sélection donc.