Christine Boutin, à Paris, en avril 2012. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Christine Boutin n’apprendra jamais de ses erreurs. Brocardée par la twittosphère à plusieurs reprises pour son manque de discernement relatif aux sites d’actualité parodique, l’ex-ministre du logement a récidivé dans l’incongruité en 140 caractères en annonçant ce matin le décès de Jacques Chirac, pourtant non confirmé.

« Mort de #Chirac »

La montée d’une rumeur matinale annonçant le décès de Jacques Chirac absorbe les journalistes dans un exercice de vérification minutieux. La confirmation ne vient de nulle part : ni des proches de l’ancien président, ni du ministère de l’intérieur, qui annonce pour sa part que Jacques Chirac est encore en vie. Seuls quatre tweets relaient la rumeur, avec précautions et usage du conditionnel. Soudain, Christine Boutin fait irruption sur les timelines, annonçant sans y mettre aucune forme : « Mort de #Chirac ».

Aussitôt après, les insultes des internautes pleuvent sur la conseillère départementale des Yvelines. Plusieurs personnes lui demandent de supprimer son tweet, d’autres s’insurgent pour l’irrespect dont elle vient de faire preuve. D’autres encore interrogent avec humour si « Chirac » n’est pas tout simplement le nom de son poisson rouge, ou une référence au personnage de Patrick Chirac dans le film « Camping », interprété par Franck Dubosc.

« Ce tweet sobre est la marque de mon respect »

Une chose est certaine : Christine Boutin a tweeté sans attendre de confirmation officielle, déclenchant un séisme 2.0 sur le hashtag #Chirac. A tel point que Frédéric Salat-Baroux, gendre de l’ancien président, a dû faire une déclaration à l’AFP pour demander le respect de la tranquillité de Jacques Chirac.

Contactée par Le Monde, Christine Boutin a accepté de s’expliquer sur son tweet. « L’information m’a été donnée par une source que j’estime sûre. Je l’ai donnée car je pense que les Français l’attendent, preuve en est du buzz qu’il a suscité », se défend-elle, précisant qu’elle n’a pas souhaité réagir au buzz afin de « respecter la volonté de la famille de Jacques Chirac ». Elle explique par ailleurs que « ce tweet sobre est la marque de [son] deuil et de [son] respect ».

Récidiviste

Ca n’est pas la première fois que Christine Boutin dérape, habituée à prendre pour argent comptant ce qu’elle trouve dans le vaste monde des internets sans en vérifier la véracité. En 2014, elle s’était ridiculisée sur BFM-TV en citant un tweet du Gorafi avec l’espoir de frapper un grand coup. En mai 2016, elle portait plainte pour diffamation contre Nordpresse.be – un autre site parodique – qui affirmait qu’elle avait déclaré « que les enfants victimes d’attouchements par des prêtres devaient eux aussi être punis ». N’apprenant rien de ses erreurs, c’est encore par Nordpresse qu’elle se laisse berner le 21 juillet dernier. Alors que dans un nouveau canular, le site évoque le souhait du gouvernement d’annuler la présidentielle pour cause d’Etat d’urgence, Christine Boutin s’insurge contre l’annonce, dans un nouveau tweet qui lui vaudra de perdre définitivement sa « tweet credibility ».

Abstraction faite de la froideur dont Christine Boutin a fait preuve en annonçant à tort le décès de Jacques Chirac avec autant de nonchalance, il résulte de son passif d’internaute un constat que nul ne saurait trop répéter : Christine Boutin n’est pas une source fiable.