Nicolas Sarkozy le 19 septembre 2016. | MARTIN BUREAU / AFP

Les juges d’instruction ont ordonné un non-lieu dans l’enquête sur les voyages en jet privé de Nicolas Sarkozy en 2012-2013, facturés à la société Lov Group, de son ami Stéphane Courbit, a annoncé le parquet de Paris au Monde, confirmant une information de l’Agence France-Presse (AFP), mercredi 21 septembre.

Nicolas Sarkozy n’a jamais été judiciairement inquiété dans ce dossier qui portait sur des soupçons, finalement non étayés, d’abus de biens sociaux au préjudice de Lov Group. Le parquet avait d’ailleurs requis ce non-lieu.

Le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire sur ce dossier en décembre 2014, en marge de l’affaire « Air cocaïne », l’enquête judiciaire menée à Marseille sur un vaste trafic international de drogue passée par la République dominicaine. Lors d’une perquisition dans les locaux de la société de transport aérien SNTHS, impliquée dans le trafic, les enquêteurs avaient découvert des factures adressées à Lov Group, dont trois concernaient des vols en jet privé de Nicolas Sarkozy.

Voyages pour créer un fonds d’investissement

Ces vols avaient pour destination Doha (Qatar), où l’ex-président s’est rendu le 9 décembre 2012 pour un forum international sur le sport ; les Etats-Unis, le 30 janvier 2013 ; et Abou Dhabi (Emirats arabes unis), le 26 février 2013. Au total, dix vols pris en charge par Lov Group ont pu être recensés par les enquêteurs, pour un coût de plus de 500 000 euros, a détaillé à l’AFP une source proche du dossier.

Dès le départ de l’enquête, l’avocat de Stéphane Courbit avait justifié ces voyages par le projet de son client de créer un fonds d’investissement, Columbia, dans lequel Nicolas Sarkozy était impliqué. Le projet avait été abandonné après la mise en examen pour abus de faiblesse de Stéphane Courbit dans l’affaire Bettencourt, expliquait-il.

Dans leur ordonnance, signée le 16 septembre, les juges d’instruction Guillaume Daïeff et Aude Buresi estiment que l’enquête a « montré la réalité et la consistance de ce projet Columbia » ainsi que « l’implication effective de M. Sarkozy » dans ce cadre, selon une source proche du dossier. « Il n’est pas démontré que ces dépenses d’avion étaient contraires à l’intérêt de la société Lov Group », écrivent également les juges, selon la même source.

Des faits d’abus de biens sociaux auraient pu être constitués s’il avait notamment été démontré que la prise en charge de ces vols allait à l’encontre des intérêts de Lov Group tout en servant ceux de son patron, Stéphane Courbit.