Mini-série sur Netflix à la demande

The Virgin Queen Trailer
Durée : 00:43

Avec « La Reine vierge », la BBC filme une cour sans rigidité sous le règne d’une souveraine libre.

Elle se voulut, pour ses sujets comme pour l’Europe, la concurrente de la Vierge Marie. La Vierge des protestants. Une géniale invention de marketing politique afin d’asseoir son statut d’héritière légitime du roi Henry VIII, de souveraine seule sur son trône, de chef de l’Eglise anglicane. Je suis… Je suis… Elizabeth Ire (1533-1603), bien sûr. Parce qu’on ne concevait pas qu’une femme pût ou dût gouverner seule, parce qu’on la pressait de se marier et d’assurer sa descendance, elle décida de clore tout débat, officiellement, lors d’un discours devant le Parlement, en 1560, deux ans après avoir été sacrée reine :

« Je suis déjà liée à un mari, c’est le royaume d’Angleterre, et cela doit vous suffire… Ne me reprochez point, non plus, de rester sans enfants, car chacun de vous, et tout autant qu’il y a d’Anglais, vous êtes mes enfants et mes parents. »

Qui est attiré par la dynastie des Tudor et plus particulièrement par le destin exceptionnel de cette jeune fille devenue reine à 25 ans, trouvera sur Netflix non seulement le film Elisabeth - L’âge d’or (Elizabeth : The Golden Age, 2007), de Shekhar Kapur, avec Cate Blanchett et Clive Owen dans les rôles principaux, mais aussi la très fraîche et dynamique mini-série « Elizabeth I - The Virgin Queen », que la BBC réalisa en 2005 pour embrasser l’ensemble de son règne (reine pendant quarante-cinq ans, elle mourut en 1603 à 70 ans, quand Montaigne, né la même année qu’elle, se disait « engagé dans les avenues de la vieillesse » dès ses 40 ans…).

Anne-Marie Duff incarne Elisabeth Ire dans la mini-série de la BBC « The Virgin Queen » (2005). | Netflix

Outre le soin apporté à la réalisation de cette mini-série (dont l’écriture a été confiée à Paula Milne), le jeu des acteurs frappe immédiatement pour être dénué de la componction et de la rigidité dont on affuble habituellement les souverains, les nobles, la Cour. Et à leur tête, Anne-Marie Duff en Elizabeth impressionne par sa capacité à apporter autant de spontanéité et de fraîcheur à un personnage pourtant perpétuellement soucieux de son image.

La mode du roux

Qu’on en juge, au vu de ce que les historiens britanniques rapportent dans The Guardian, concernant, par exemple,… la couleur des cheveux de la reine. Perruquée la plus grande partie de sa vie, Elizabeth aurait pu choisir une autre teinte que le roux/rouge, jusqu’alors associé aux « barbares ». Deux raisons au moins l’amenèrent pourtant à lancer la mode du roux. Tout d’abord, elle ancrait dans les esprits sa filiation avec Henry VIII, de poil roux, coupant court aux accusations de « bâtarde illégitime ». Par ailleurs, en s’affichant rousse, seule contre toute coutume, elle renforçait son statut d’exception, et par là son image de « reine vierge ».

Elizabeth Trailer
Durée : 02:27

Enfin, rappellent les historiens, le rouge et le blanc sont les couleurs de saint George, saint patron de l’Angleterre… Ce qui amena d’ailleurs nombre de courtisans à se teindre cheveux et barbe en roux. Ils marquaient ainsi leur allégeance à leur reine ainsi que leur appartenance à l’église protestante, se distinguant physiquement de l’Europe catholique aux cheveux et yeux majoritairement noirs… Le roux de ses perruques (et peut-être même de la queue de ses chevaux), un maquillage au blanc de céruse renforçant la pâleur de sa peau, des règles strictes quant à la façon dont les peintres étaient autorisés à la représenter (des portraits de face, avec les imposantes fraises dessinant autour de son visage une auréole virginale) : avec son corps, Elizabeth avait créé sa propre marque.

« The Virgin Queen », mini-série créée par Paula Milne. Avec Anne-Marie Duff, Tom Hardy, Ian Hart (GB, 2005, 2 × 90 min). Sur Netflix à la demande