Entrepôt Amazon à Paris, en juin 2016. | ERIC PIERMONT / AFP

Le géant de la vente sur Internet Amazon s’engouffre dans la mode de l’artisanat local, un créneau jusqu’alors dominé par deux acteurs, l’américain Etsy et le français A Little Market – lui-même racheté par Etsy en 2014. Sur ces sites, créatrices de bijoux en herbe et autres tricoteuses effrénées font commerce de leur production.

Jeudi 22 septembre, Amazon ouvre ainsi en Europe sur son site un espace dédié à l’artisanat, appelé Amazon Handmade, un an après l’avoir lancé aux Etats-Unis.

Toujours secret sur les chiffres, le groupe explique tout au plus qu’en un an, il a doublé le nombre d’artisans présents sur son site américain et multiplié par cinq son offre de produits, affichant aujourd’hui plus de 500 000 articles.

En quête de visibilité

En France, comme dans quatre autres pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni), l’aventure démarre avec près de 1 000 artisans, qui proposeront à la vente près de 30 000 produits.

Parmi eux, on trouve beaucoup de jeunes mamans qui se sont lancées dans l’aventure de l’auto-entrepreneuriat pour la liberté d’organisation de leur temps de travail ; c’est le cas de Marion Hubben, créatrice de meubles en médium à Lille et, autrefois, avocate.

Mais aussi des artisans en quête de visibilité comme Emmanuel Maussion, un menuisier-ébéniste, qui dirige son entreprise d’agencement intérieur sur mesure dans la région nantaise, et qui, depuis deux ans, s’est lancé, en complément, dans la création d’objets en feuilles de bois. « Si le client d’Amazon cherche un iPad, il pourrait y avoir un support d’iPad artisanal qui apparaît dans les suggestions de produits complémentaires », explique-t-il.

Avantages logistiques

La plupart vendent déjà leur travail par l’intermédiaire d’autres plates-formes Internet, de leur propre site, ou du bouche-à-oreille. Mais tous sont attirés par le réservoir de clients potentiels qu’offre Amazon et aussi par l’encadrement logistique du groupe américain.

Moyennant finances, les artisans peuvent stocker leur production dans les entrepôts d’Amazon

Moyennant finances, ils peuvent en effet stocker leur production dans les entrepôts d’Amazon, et rendre ainsi leurs créations éligibles au service premium de livraison express proposé aux abonnés du géant du commerce en ligne.

« Moi je suis dans mon appartement, avec les commandes qui affluent, je dois aller à la poste tous les jours, raconte Cécile Santoni, créatrice de bijoux qui peuvent être mâchés par les bébés. La gestion logistique n’est pas la plus intéressante en tant qu’artisan. »

Commission de 12 % sur les ventes

Pour intégrer le catalogue d’artisans d’Amazon – l’entreprise se rémunère avec une commission de 12 % sur leurs ventes –, une « équipe dédiée valide les critères du fait main (nombre d’employés, taille de la structure…), explique Patrick Labarre, directeur des activités de place de marché chez Amazon France. Nous n’avons pas d’objectif chiffré mais la volonté d’avoir une offre la plus large possible. »

De son côté, Etsy n’a pas manqué de rappeler, le 20 septembre, qu’elle était la « première place de marché mondiale du fait main » et qu’elle est, en France depuis 2012, « aux côtés des créateurs, en mettant en place des formations aux subtilités du e-commerce et du marketing, et en organisant des événements aux quatre coins de l’Hexagone ».