Lilâ Le Bas, le nouvelle présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). | D.R.

La concertation en cours sur la refonte du cycle de master, sur laquelle le gouvernement veut légiférer ? Elle en est déjà partie prenante. A 23 ans, la (jusqu’ici) discrète Lilâ Le Bas, déléguée générale de l’UNEF, se prépare en coulisse depuis plusieurs mois à succéder à la tête du syndicat étudiant à William Martinet.

Chargée des dossiers « vie universitaire », elle a suivi la question de la sélection en master, comme les expérimentations sur le contrôle continu intégral, deux sujets qui opposent l’UNEF à la Conférence des présidents d’université (CPU). Lilâ Le Bas a aussi été une cheville ouvrière de la mobilisation étudiante contre la « loi travail », participant à Matignon aux négociations avec le gouvernement pour introduire des mesures contre la précarité des jeunes, que l’UNEF réclamait, tout comme l’autre grand syndicat étudiant, la FAGE.

Une discussion qui a permis aux organisations de jeunesse d’obtenir notamment la création à cette rentrée de l’aide à la recherche du premier emploi (ARPE) pour les étudiants boursiers, une promesse de revalorisation des rémunérations des apprentis les moins bien lotis et l’extension du dispositif de « garantie jeunes » pour les moins de 25 ans « sans emploi ni formation ».

Tête froide et ton calme

Vendredi 23 septembre, Lilâ Le Bas passe en première ligne, dans le cadre d’une succession organisée. Une formalité, puisqu’elle est seule candidate à la présidence, au sein du bureau national, où elle est entrée en mai 2014. Moins de cinq ans après avoir pris sa carte, Lilâ Le Bas s’est vite imposée au sein du mouvement étudiant, tout en gardant la tête froide et le ton calme.

Une ascension aussi rapide que naturelle, à laquelle cette titulaire d’un bac ES, qui a grandi à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), ne semblait pas prédestinée. Elle s’est d’abord passionnée pour l’aviron, participant aux championnats de France en minime et en cadette « par jeu et pour l’intérêt collectif, car il faut être coordonnés pour avancer », explique-t-elle.

Si un accent circonflexe orne le « a » de son prénom, c’est pour signifier le pluriel : celui des fleurs de lilas, comme souhaité par sa maman, éducatrice spécialisée, et de son père, cadre dans une entreprise d’électricité normande. Ces parents de deux enfants font partie de « ces classes moyennes qui essaient de réussir, que leurs enfants fassent des études »… sans rouler sur l’or.

Quand la bachelière débarque à l’université Lille-III en licence information, communication, culture, sa vie change. Elle découvre des « amphis surchargés », les difficultés pour se loger – faute de chambre en cité U, ce sera chez l’habitant, puis en colocation –, et la nécessité de faire des petits boulots pour joindre les deux bouts. Elle s’intéresse à l’actualité, sans avoir jamais songé à un engagement syndical ou politique, mais « quand on est en galère, il vaut mieux se mettre à plusieurs plutôt que de rester tout seul dans son coin », explique-t-elle, en se remémorant les discussions qui l’ont amenée à adhérer au syndicat étudiant.

Rapidement secrétaire générale et présidente de l’UNEF au sein de son université, elle la quitte à la rentrée 2015 pour l’université Paris-Est Créteil (UPEC), où elle valide un master 1 action publique en juin.

Après ce parcours universitaire rectiligne, Lilâ Le Bas commence cette rentrée en année de césure, afin de se consacrer entièrement à ses nouvelles responsabilités à la tête du syndicat. D’autant que l’élection présidentielle arrive, et, pour elle, l’épreuve du feu : interpeller les candidats sur les dossiers étudiants pour que leurs revendications aient aussi voix au chapitre. Une partie serrée commence. Avec, pour priorité affichée, « la lutte contre la précarité des jeunes ».