Les montres connectées vont-elles rejoindre le cimetière des technologies oubliées ? Leurs ventes sont moribondes : une montre achetée pour cent smartphones écoulés environ.

La réussite de la nouvelle Watch sera déterminante, car Apple réalise la moitié des ventes de « smartwatches ». Et justement, le nouveau modèle redonne espoir en ce curieux petit écran qui seconde nos smarpthones. Le tarif de la Watch se démocratise, ses fonctions sportives s’enrichissent, sa simplicité progresse beaucoup. Deux limites perdurent toutefois : elle fonctionne toujours exclusivement avec les iPhones, et son design n’évolue quasiment pas.

L’Apple Watch. | NICOLAS SIX POUR LE MONDE

Pour l’utilisateur moyen, la Watch demeure l’archétype du gadget superflu. Mais elle s’affirme comme un outil utile pour une minorité d’utilisateurs, hypersportifs, hyper en forme, hyperconnectés, hypermobiles, hypercurieux. Monsieur et Madame « Parfait » en somme. Un couple qu’on imagine volontiers se promener dans les rues de Cupertino (Californie), la ville où siège Apple.

Pour les sportifs aguerris

Ce sont les sportifs que la Watch intéressera le plus. Lorsqu’on court, lorsqu’on pédale, l’écran indique le rythme cardiaque, une information utile pour savoir s’il faut accélérer ou lever le pied. Le GPS intégré, une nouveauté, affiche les distances en temps réel avec précision. Il démarre instantanément : pas besoin d’attendre quelques minutes comme avec d’autres montres sportives. A l’arrivée, le GPS dessine le parcours sur une carte, indiquant en rouge les endroits où le cœur a battu le plus vite.

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La Watch peut aussi faire office de baladeur audio lorsqu’on possède un casque Bluetooth : plus besoin d’emmener le smartphone. Un vrai plus. Elle peut désormais partager ses mesures avec d’autres applications, comme Runtastic. On profite alors d’analyses plus fines, on peut suivre des entraînements personnalisés. Les connaisseurs noteront que les montres de sport Garmin fournissent des données encore plus précises, comme le seuil lactique ou la VO2max.

A la piscine, dans les rivières, dans la mer, la Watch calcule les distances nagées en surface. Mais elle s’avère moins utile pour les autres sports. Au ski ou en randonnée, elle ne mesure pas l’altitude. En salle de musculation, son utilité est mineure. Sur un terrain de tennis, elle ne mesure ni la force des coups ni les effets, à l’inverse du bracelet Pop de Babolat.

Sur un terrain de football, elle mesure le rythme cardiaque et les distances, mais pas la vitesse, comme le capteur Addidas Mi Coach, ni la force des tirs, la justesse technique, l’explosivité, etc. Pour les sports d’adresse, les informations de la Watch sont pauvres.

Pour qui surveille sa santé

Au premier démarrage, la Watch vous demande la permission de surveiller votre santé. C’est tout sauf un choix anodin. Si vous répondez oui, elle vous incitera plusieurs fois par jour à bouger, à faire un effort physique, à vous lever de votre siège.

Une injonction qui tombe mal lorsqu’on assiste à une réunion tendue, ou lorsqu’on déguste un rafraîchissement au bar avec des amis. La Watch adresse régulièrement des bilans d’activité et des « trophées ». On aime ou on déteste.

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A noter, la Watch ne surveille pas la qualité du sommeil, contrairement à beaucoup de bracelets d’activité. Pas étonnant car la nuit, elle charge sagement sur votre table de nuit. Sa batterie tient du lever au coucher seulement. Pire : la randonnée et les sorties en vélo tuent sa batterie en cinq heures.

Pour les ultra-connectés

Vous êtes assis toute la journée devant un écran ? Vous recevez chaque jour une poignée d’emails, deux ou trois textos ? La Watch ne vous servira presque jamais. Vous êtes hyperactif, hyperconnecté, vous recevez dix messages à l’heure en provenance de divers réseaux sociaux ? Vous vous déplacez beaucoup, à pied, en voiture, en train ? La Watch devrait vous aider à rester serein et efficace. Nul besoin de sortir votre smartphone lorsque vous recevez une alerte : elle apparaît immédiatement devant vos yeux. Vous gagnez du temps et de la concentration.

L’Apple Watch. | NICOLAS SIX POUR LE MONDE

Mais attention, au quotidien, la Watch peut devenir envahissante. Il faut apprendre à préserver sa tranquillité. Voici trois règles qui vous y aideront. Ignorez votre Watch quand vous discutez avec quelqu’un. Ses alertes sont très tentantes : son écran est si près de vos yeux, un simple mouvement de poignet suffit à la réveiller. Mais il faut résister, sous peine de vexer votre interlocuteur.

Sachez aussi passer en mode avion quand vous avez besoin de calme. Quand une pluie d’alertes tombe, la Watch vous les livre sans filtre. Impossible de les ignorer. Enfin, n’oubliez jamais de passer en mode silencieux quand vous entrez en réunion ou dans une salle de cinéma, à moins de vouloir attirer l’attention avec une sonnerie. Dommage qu’Apple n’aie pas synchronisé le mode silencieux de l’iPhone et de la Watch : il faut l’activer des deux côtés.

Pour les technophiles

La Watch est un beau jouet pour les passionnés de technologie. On apprécie particulièrement ses cadrans interchangeables : chronographe, cadran solaire, vidéo d’une méduse :

La Watch donne accès à des applications qui fleurent bon le futur. On peut modifier la couleur de sa lampe Philips Hue depuis son poignet ou piloter sa musique depuis le canapé. Autant d’usages qui donneront un sourire de satisfaction aux technophiles. La Watch est un bel objet techno, bien mieux fini que ses concurrents, doté d’un superbe écran.

Beaucoup plus facile à utiliser

C’était le défaut majeur de la première Watch : ses menus n’étaient ni très pratiques ni très agréables. Apple a supprimé le menu Contacts. Son bouton sert désormais à ouvrir les applications préférées, qui se lancent heureusement beaucoup plus vite. Il devient rare d’attendre dix secondes qu’une information daigne s’afficher. Le mode silencieux de la Watch est beaucoup plus facile et rapide à activer.

Ces trois aménagements clarifient énormément l’usage de la montre. Ils profitent à la nouvelle Watch comme à l’ancienne : il suffit de télécharger le nouveau logiciel WatchOS 3 pour en bénéficier. A noter, le « double cœur » de la nouvelle Watch est plus rapide : les applications se lancent encore plus vite.

En résumé

La nouvelle Watch est nettement plus aboutie que l’ancienne. C’est le produit qu’Apple aurait dû sortir en 2015. Faut-il craquer ? Si vous êtes un sportif confirmé, surveillant attentivement votre santé, si vous communiquez énormément par messages et que les gadgets électroniques vous fascinent, n’hésitez pas. La Watch a toutes les chances de devenir un compagnon agréable. Mais si ce portrait vous ressemble pas, votre argent sera mieux employé ailleurs.

Quel modèle choisir ? La Watch Edition 1 est la meilleure affaire (350 €). C’est une version améliorée de la Watch de 2015 avec un cœur plus rapide. A ce prix, Apple propose plusieurs finitions, dont deux modèles dorés. Cette couleur était auparavant réservée aux Watch en or massif, facturées plus de 10 000 euros, qu’Apple a retirées de son catalogue. Le modèle que nous vous conseillons est vendu avec un bracelet en plastique. Rien n’interdit de lui commander un bracelet en cuir sur la boutique en ligne d’Apple.

Si vous êtes adepte du jogging ou de la natation, nous vous conseillons de débourser 100 euros supplémentaires pour vous offrir la Watch Edition 2. Elle intègre un GPS, qui mémorise vos parcours. Elle est plus lisible au soleil et résiste à une immersion à moins 50 mètres dans l’eau de mer. La Watch Edition 1, elle, ne résiste qu’à la pluie.