Le pape François au Vatican le 21 septembre. | VINCENZO PINTO / AFP

C’est une importante délégation, de personnes toutes touchées par l’attentat du 14 juillet à Nice, qui part pour le Vatican, samedi 24 septembre, pour une audience à midi avec le pape François.

Environ 180 personnes blessées ou traumatisées dans l’attentat ou bien proches de victimes – 58 familles au total – doivent emprunter deux avions affrétés par la municipalité de Nice.
Elles seront rejointes par quelque 150 soutiens niçois partis en car, ainsi que par une délégation officielle de l’association interreligieuse « Alpes-Maritimes Fraternité », qui comprend l’évêque de Nice et des représentants juifs, musulmans, orthodoxes et protestants.

Le président de la métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi, qui sera du voyage à Rome, a expliqué que l’audience papale se voulait « sans distinction de religion ». Il répondait ainsi aux critiques – peu nombreuses – qui ont été émises au sujet de ce voyage.

Critiques des écologistes et de la LDH

Les élus écologistes ont déploré l’initiative de M. Estrosi, prise selon eux sans l’avis du conseil municipal. « Pourquoi aller rencontrer le chef spirituel et temporel d’une religion parmi celles pratiquées par les victimes ? Il y a des musulmans, des juifs, des protestants, des bouddhistes et des athées parmi les victimes de ce terroriste. Les exclure de ce type de consolation officielle relève de la muflerie et même de la provocation », a jugé la conseillère municipale EELV Juliette Chesnel-Le Roux dans un communiqué.

« Les élus de la République, M. Estrosi en l’occurrence, seraient donc autorisés à bafouer sans vergogne le principe de laïcité, un des fondements de notre Constitution », s’est émue pour sa part la Ligue des droits de l’homme (LDH), dans un communiqué diffusé jeudi soir, contestant le coût pour la collectivité.

Selon la municipalité, le coût moyen par personne participant au voyage est de 300 euros. Le déplacement de trente choristes de l’opéra de Nice, qui chanteront à Rome « Nissa la bella », l’hymne de la ville, est également pris en charge par la mairie. Les élus paieront en revanche le vol de leur poche.

« Capacité de converger les uns vers les autres »

Mais pour Pierre-Etienne Denis, président de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac), ce type de rendez-vous permet de sortir de la solitude et de « progresser vers la résilience » :

« Si on est croyant, c’est une rencontre exceptionnelle (et) si on ne l’est pas, c’est une rencontre avec une autorité morale incontestable, un trésor d’empathie qui transcende les religions. »

Un tiers des victimes mortes le 14 juillet à Nice étaient de confession musulmane, a rappelé l’imam Boubekeur Bekri, vice-président du conseil régional du culte musulman dans le sud-est de la France, qui ira lui aussi à Rome avec une poignée de musulmans.

« En tant que musulman et croyant, je pense qu’on est dans le droit fil de la pensée du croyant, de la capacité de converger les uns vers les autres », a-t-il estimé. « Nous y allons avec beaucoup de respect », a souligné M. Bekri, en évoquant « l’humanisme intense » du pape François, exprimé par exemple lors de sa visite aux réfugiés principalement musulmans sur l’île grecque de Lesbos.

Maurice Niddam, président du consistoire de Nice, n’accompagne pas des victimes juives, mais il a voulu soutenir cette démarche: « Ce pape est très humain, très proche du peuple, ouvert aux autres confessions. Quand il parle de victimes d’actes de terrorisme, ce n’est pas de la sensiblerie, il est sincèrement blessé ».

Le pape François avait déjà reçu François Hollande mi-août pour réaffirmer son soutien et son affection au pays touché depuis début 2015 par une série sans précédent d’attentats.