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La plateforme solidaire du Roannais, dans la Loire, plus connue sous son nom commercial C3R, est née d’un partenariat entre plusieurs associations spécialisées dans le recyclage des déchets de la région roannaise : Acora, Envie2 Loire, Valorise, Agir… Ensemble, ces structures ont décidé de créer une coopérative afin d’améliorer le ramassage auprès des particuliers. « C’est ainsi qu’est né C3R, qui collecte 1 200 tonnes de déchets par an auprès de 70 000 habitants dans un rayon de 100 kilomètres autour de Roanne. Et 88 % de ces déchets sont recyclés », résume Véronique Gouttard, la gérante de la coopérative.

Même si son taux de chômage (10,1 %) est proche de la moyenne nationale, la région ne s’est jamais vraiment remise de la fermeture de ses entreprises textiles, notamment celles spécialisées dans la bonneterie. Les principaux employeurs sont l’hôpital, Michelin et l’ex-GIAT Industries, rebaptisé Nexter Systems en 2006, qui continue à fabriquer des chars d’assaut dans la région.

Dans les années 1970, l’effectif de l’Arsenal compta jusqu’à 3 000 personnes, avant de subir les coupes budgétaires de l’armée française. Mais c’est surtout la crise du textile qui explique le déclin économique de la région. « Mis à part quelques spécialistes des tissus haut de gamme, les activités textiles sont parties à l’étranger dans les années 1960, notamment en Tunisie et au Maroc, raconte Mme Gouttard. Le bassin roannais n’a pas su se reconvertir. Il est vrai que changer de métier est difficile pour un ouvrier tricoteur. » Conséquence, beaucoup de jeunes quittent la région pour Lyon ou Saint-Etienne. En revanche, le faible coût de l’immobilier et un cadre de vie agréable attirent des retraités qui font le chemin inverse.

Environ 200 personnes en contrat insertion

Sur ce territoire où l’activité économique est aussi limitée, les entreprises d’insertion jouent un rôle vital. La coopérative emploie onze personnes en insertion. De nombreux travailleurs d’origine étrangère côtoient des salariés issus du bassin roannais : Khazacks, Comoriens, Mahorais… Avec les associations partenaires, la filière du ramassage et de traitement des déchets rassemble environ 200 personnes en contrat insertion, un statut qui permet aux personnes exclues du marché du travail de reprendre pied dans la vie active. « Nous comptabilisons 64 % de sorties positives, annonce Mme Gouttard. Ce qui signifie que les deux-tiers des personnes qui passent chez nous décrochent un CDI, un CDD ou enchaînent sur une formation qualifiante à l’issue de leur contrat de deux ans. »

Tous les agents de collecte en insertion sont des hommes, car ce métier, dont la dureté s’apparente à celui de déménageur, peut difficilement être accompli par une femme. « C’est un travail difficile, mais il y a beaucoup d’entraide, poursuit la responsable. Nous avons la satisfaction de remettre les gens en selle. Ce n’est pas toujours simple car les difficultés sont multiples : capacités de reconversion limitées pour des travailleurs manuels, mauvaise maîtrise du français, addictions diverses… »

La coopération ne reçoit pas de subvention, mais est rémunérée par la ville de Roanne, en fonction du volume de déchets collecté. Cette rémunération complète le fruit des ventes de bois, de ferraille et de plastique. Cette dernière activité, fortement impactée par la chute des cours du pétrole, traverse une passe difficile. « Nous stockons en attendant des jours meilleurs », précise Mme Gouttard.

A son démarrage, en 2012, la coopérative a bénéficié d’un apport en financement de 20 000 euros de France active, auquel sont venu s’ajouter 80 000 euros de la part de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Ces prêts ont été remboursés au bout d’un an ; la structure est aujourd’hui complètement désendettée.

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