Le nouveau président de la FAGE, Jimmy Losfeld, et son prédécesseur, Alexandre Leroy. | Le Fage

C’est à l’aube de la campagne présidentielle que la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) a décidé de changer de tête. Après que William Martinet a cédé la présidence de l’UNEF à Lilâ Le Bas, c’est Alexandre Leroy qui passe la main, choisissant de rejoindre la vie active après deux années à la présidence du syndicat étudiant, pour lequel il revendique une première place ex æquo avec l’UNEF. Jimmy Losfeld, 23 ans, étudiant en master de physique et ingénierie à l’université de Strasbourg, lui succède.

Mardi 27 septembre, afin de marquer le passage de relais, c’est côte à côte qu’ils ont présenté les axes majeurs sur lesquels le syndicat insistera durant la campagne présidentielle. « Il a du mal à lâcher la barre », plaisante amicalement Jimmy Losfeld, à l’intention de son prédécesseur. A l’ordre du jour des prochains mois : la réforme du bac et de la cohésion lycée-enseignement supérieur, la réforme du master, et l’interpellation des candidats à l’élection présidentielle pour la mise en place d’une vraie politique jeunesse.

Réforme du lycée, pour « une orientation choisie » et un contrôle

Admission post bac (APB), le système d’orientation des lycéens vers l’enseignement supérieur, « reste embouteillé », regrette Alexandre Leroy. Après un été 2015 compliqué pour nombre d’élèves restés trop longtemps dans les limbes de l’algorithme d’orientation de l’éducation nationale, « le problème reste le même fin août, regrette le président sortant. En effet, au milieu de l’été, des centaines de titulaires de bacs professionnels restaient sans perspective. Les IUT et STS [sections de technicien supérieur] censés les accueillir étaient déjà pleins, remplis de bacheliers général et technologique ». Les bacheliers pros sont majoritairement ceux qui restent sur le carreau.

En guise de parade, la FAGE propose de réorganiser le cycle secondaire. L’idée : un tronc commun qui commence par une classe de seconde unifiée, regroupant les filières professionnelles, générales et technologiques. Puis, au lieu des trois années de seconde, première et terminale, le syndicat envisage une semestrialisation du cursus. Ce qui permettrait une spécialisation progressive « en fonction des centres d’intérêt de l’élève » avec « une approche modulaire de l’organisation de la formation ». En somme, le lycéen décidera partiellement du profil de sa formation. « L’orientation devient choisie plutôt que subie. »

La FAGE prône également la fin des épreuves du bac et la mise en place d’un contrôle continu. Outre l’économie financière de l’organisation de l’examen, la suppression des épreuves permettrait aux lycéens de rallonger leur temps d’étude et de bénéficier d’une « évaluation non pas à un instant particulier mais au fil de l’eau ».

Enfin, cette reconstruction de l’enseignement au lycée par la création d’enseignements par modules permettrait « aux jeunes de découvrir les filières et leurs centres d’intérêt », premier pas vers une orientation réussie vers l’enseignement supérieur.

« Régulation » à l’entrée en master et aide à la mobilité

Faut-il sélectionner en master, comme demandé par les présidents d’universités ? Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, comme l’UNEF, réfute ce terme, et la FAGE « refuse de franchir la ligne rouge. La sélection, c’est l’exclusion », affirme Jimmy Losfeld, qui préfère pour sa part parler de « régulation ».

Tout en admettant que les masters les plus demandés ne peuvent pas intégrer tous les titulaires d’un master 1 qui en font la demande, « le niveau master est en mesure d’absorber le nombre d’étudiants qui se présentent à ces formations », souligne la FAGE. Reste à trouver un système d’orientation qui permettra à chacun d’intégrer un cursus en cohérence avec son orientation.

Pour ce faire, le syndicat propose la mise en place d’un système d’aiguillage des étudiants qui pourrait s’apparenter à la plate-forme d’admission post bac… L’étudiant émettrait un certain nombre de vœux d’établissements, et une sorte de moulinette informatique tâcherait de répartir les étudiants le plus conformément possible à leurs vœux… Une orientation qui devrait s’accompagner d’une aide à la mobilité pour ceux devant déménager afin d’être en mesure de suivre le cursus qu’ils ont choisi. Les négociations en cours, et que le ministère entend finaliser d’ici octobre, « vont dans le bon sens », estime le syndicat étudiant.

La campagne présidentielle

Forte d’un réseau de 2 000 associations qui revendique 300 000 étudiants, la FAGE compte être entendue lors de la campagne présidentielle de 2017, ainsi que lors des primaires qui la précèdent. « Nous serons à l’écoute et prêts à dialoguer avec tous les candidats républicains », assure, en préambule, Jimmy Losfeld, insistant sur l’adjectif, manière d’exclure la candidate du Front national.

Parmi ceux qui ont fait part de leur projet pour la jeunesse, l’orientation « renforcée » à l’entrée de l’université prônée par Alain Juppé a trouvé une oreille favorable au sein du syndicat étudiant. En revanche, l’idée du maire de Bordeaux d’une mise en place rapide « d’une sélection généralisée en master 1 » ne passe pas.

« La soupe de ceux qui prônent un service militaire obligatoire pour les décrocheurs ou l’interdiction du voile à l’université, on n’en veut pas. On leur dit : rentrez chez vous », décoche Jimmy Losfeld. Une flèche à l’intention de Nicolas Sarkozy, partisan de la conscription pour les jeunes qui ont achevé leur cursus sans obtenir de diplôme, ni de stage ou de formation, et de l’interdiction du voile au sein des universités. « Il faut faciliter les parcours d’insertion, inutile de perdre du temps sur des faux sujets », tranche-t-il.

« Quant aux candidats de gauche, note Alexandre Leroy, que cela soit Montebourg, Filoche, Cosse, Duflot, Lienemann ou Hamon… Nous aimerions voir ce qu’ils ont à proposer pour les jeunes ! » Un dernier rappel avant de claquer la porte.