Rassemblement de soutien à Mexico City aux proches des 43 disparus d’Iguala, le 24 septembre 2015. | YURI CORTEZ / AFP

Le responsable des investigations sur la disparition de 43 étudiants au Mexique en 2014, a présenté sa démission, a annoncé mercredi 15 septembre le ministère de la justice dans un communiqué. Celle-ci a été acceptée par le procureur général, Arely Gomez.

Tomas Zeron quitte donc son poste de directeur des enquêtes criminelles au sein du ministère, deux semaines avant le second anniversaire de la tragédie. Mme Gomez a « reconnu [ses] efforts » et lui a souhaité « succès dans ses projets personnels et professionnels », précise le texte, sans toutefois expliquer les raisons de ce départ.

Les parents des 43 étudiants avaient exigé la démission de M. Zeron, dont ils critiquaient la manière de diriger l’enquête. En avril dernier, les autorités judiciaires avaient ouvert une investigation interne sur diverses irrégularités commises sur la scène supposée de crime par son équipe. Une source gouvernementale a indiqué à l’Agence France-Presse que celle-ci était « toujours en cours ».

Mise en cause d’experts internationaux

Cette procédure faisait, en outre, suite à certaines irrégularités relevées par des experts indépendants étrangers, membres de la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Elles visaient notamment la façon dont un fragment d’os calciné, provenant d’un des étudiants, avait été retrouvé dans une rivière en octobre 2014, les experts reprochant à M. Zeron de n’avoir pas respecté « les protocoles internationaux minimums ».

Ils avaient également signalé que, selon un rapport médical, le suspect ayant conduit le chef de l’enquête à cette rivière présentait des blessures suggérant qu’il avait été torturé. Le directeur des enquêtes criminelles avait fortement rejeté ces critiques. Ce fragment d’os, dont l’ADN a été analysé par un laboratoire autrichien, reste à ce jour la seule trace d’un des 43 étudiants disparus.

Cartel de la drogue et policiers municipaux

Les élèves-enseignants de l’école d’Ayotzinapa ont disparu, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014 à Iguala, dans l’Etat de Guerrero, dans le sud du Mexique. Selon la version officielle, des policiers municipaux corrompus de la ville les auraient livrés au cartel de drogue des Guerreros Unidos, qui les auraient assassinés puis incinérés dans une décharge, avant de disperser leurs restes dans une rivière.

Les enquêteurs indépendants ont cependant estimé qu’une incinération de cette ampleur ne pouvait avoir eu lieu à cet endroit. La disparition des 43 étudiants avait provoqué un tollé international et une grave crise politique, deux ans après l’élection d’Enrique Peña Nieto à la présidence.