Yannick Jadot aux Journées d'été des écologistes Europe Ecologie-Les Verts, à Lorient, le 25 août. | THIERRY PASQUET/SIGNATURES POUR "LE MONDE"

A sa descente du train, à Rennes, Yannick Jadot est accueilli par une télévision locale. Pas de médias nationaux pour le député européen qui a lancé sa campagne dans l’indifférence, jeudi 8 septembre, pour la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts. L’ex de Greenpeace ne s’en formalise pas, répond à l’interview et file à la Maison des associations, où il tient son premier meeting. La ville n’a pas été choisie au hasard : elle se trouve dans la circonscription du Grand Ouest, qui l’a élu à deux reprises, en 2009 et 2014.

Sur place, près de 80 personnes remplissent la salle. L’homme est un habitué du micro et ses mots coulent. Sans surprise, il parle de Flamanville, de Notre-Dame-des-Landes, des algues vertes. Il vante le « premier site éolien 100 % citoyen » de Béganne (Morbihan), dézingue la fermeture d’Alstom à Belfort. Même si la primaire est ouverte aux sympathisants, son but est de s’adresser en priorité aux militants d’EELV, qui attendent des quatre candidats en lice – la députée de Paris Cécile Duflot et deux autres députées européennes, Karima Delli et Michèle Rivasi – un discours forcément très écolo, qui n’oublie pas les fondamentaux du parti.

Bon élève, M. Jadot évoque la lutte contre les inégalités, la réforme institutionnelle, le partage du temps de travail. « La République que l’on veut, c’est une République qui apaise, qui reconnaît, qui laisse sa place à chacun », explique-t-il. L’élu s’attarde sur la nécessaire « refondation de l’Union européenne (…) qui ne peut pas être une petite mondialisation technocratique et austéritaire ». Il n’oublie pas de critiquer les traités transatlantiques, l’un de ses sujets de prédilection, avant de basculer sur la politique française dans une formule qu’il affectionne : « C’est Walking Dead ! », s’exclame-t-il. François Hollande ? « Déjà du passé. » Pas mieux pour Nicolas Sarkozy, « plombé par les affaires ».

Créer une dynamique pour les législatives

Yannick Jadot enchaîne sur son parcours, convoque ses meilleurs coups comme directeur des campagnes de Greenpeace, glisse qu’il a été l’un des négociateurs du Grenelle de l’environnement dans le précédent quinquennat. « Je pense pouvoir réconcilier l’écologie associative avec l’écologie politique », affirme-t-il. Son objectif : « conquérir » l’espace politique ouvert par Nicolas Hulot dans les études d’opinion et créer une dynamique pour les législatives.

Il le reconnaît lui-même : ce n’est pas le fond qui va le différencier de ses concurrentes. « Ça ne va pas être projet contre projet (…) mais une primaire d’incarnation, donc une primaire fragile », souligne-t-il. Ce qui ne l’empêche pas de s’en prendre à sa principale rivale dans ce scrutin, Cécile Duflot, sans jamais la citer. Le député européen déplore « l’image politicienne » qui colle à la peau d’EELV, dont il attribue en creux la responsabilité à l’ancienne patronne des Verts.

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Il cible encore l’ex-ministre du logement quand il estime que « ce serait terrible que la campagne des écologistes, de manière voulue ou non, soit une autre campagne anti-Hollande ». Et de se dire « très heureux d’avoir rassemblé des soutiens dans toutes les sensibilités du mouvement », pour mieux souligner que la députée de Paris a obtenu une écrasante majorité des siens uniquement dans la motion dont elle est issue. « Si on veut convaincre au-delà des écologistes, mais si on n’arrive pas à rassembler son propre mouvement, ce n’est pas la peine », attaque-t-il. A 49 ans, Yannick Jadot, qui n’est pas testé dans les sondages, veut croire qu’il peut s’imposer face à celle qui fait figure de favorite. Le match est loin d’être plié mais sa stratégie, qui pourrait rappeler de mauvais souvenirs à certains, reste risquée.

Primaire EELV : modalités de vote

Le bureau exécutif d’Europe Ecologie-Les Verts a validé, jeudi 8 septembre, les modalités de vote de la primaire interne. Ces dernières devaient être votées les 25 et 26 septembre par le conseil fédéral du parti mais cette date tardive commençait à poser problème à quelques semaines seulement de la primaire. Les quatre candidats s’étant mis d’accord, le scrutin sera majoritaire à deux tours et le vote par correspondance. Il devrait être dépouillé les 19 octobre et 7 novembre et les résultats annoncés dans la foulée.