La présidente du château de Versailles, Catherine Pégard, à Paris, en décembre 2014. | MARTIN BUREAU/AFP

Après un mois de valse-hésitation, l’Elysée a reconduit, mercredi le 28 septembre, Catherine Pégard à la tête du château de Versailles pour un mandat de trois ans. La feuille de route publiée par le ministère de la culture l’enjoint d’ancrer davantage la « responsabilité sociale » de l’établissement, en ouvrant le château aux scolaires le jour de fermeture et en diversifiant les publics.

Ancienne rédactrice en chef à l’hebdomadaire Le Point, Catherine Pégard avait été placée en 2011 à la tête de l’établissement versaillais par Nicolas Sarkozy, dont elle était devenue la conseillère. Nommée par le fait du prince, l’ancienne journaliste, âgée de 62 ans, a bien réussi sa reconversion, troquant sans mal les lambris de la République pour les ors de la monarchie. Suivant la ligne tracée par ses prédécesseurs, Christine Albanel et Jean-Jacques Aillagon, qui avaient déjà lancé le schéma directeur du grand Versailles et plusieurs chantiers de restauration, son bilan est honorable.

Sous sa présidence, plus de 6 000 m2 de salles supplémentaires ont été ouverts au public. La fréquentation a connu une progression de 4 % par an jusqu’aux attentats de 2015 qui ont fait chuter le nombre de visiteurs de 14 % depuis le premier semestre 2016. Dans un contexte budgétaire tendu, elle a aussi réussi à lever 70 millions d’euros de mécénat depuis son arrivée. Un terrain qui s’est révélé parfois glissant : Catherine Pégard fut critiquée pour avoir accepté l’argent de l’homme d’affaires coréen Yoo Byung-Eun, alias le photographe Ahaé, pour financer la recréation du bosquet du Théâtre d’eau de Versailles. Se serait-elle montrée légère ?

Failles de la surveillance

A l’époque, Catherine Pégard argue de sa bonne foi. « Il faut se remettre en 2012. Quand on a rencontré Ahaé, personne n’y trouvait rien à redire », avait-elle alors confié. En 2015, la gestion de la polémique autour de l’œuvre du Britannique Anish Kapoor, vandalisée à quatre reprises, a révélé les failles de la surveillance du domaine. Un autre scandale avait frappé Versailles cette année, celui de l’achat entre 2011 et 2012 de meubles contrefaits. Depuis plusieurs semaines, la succession de Catherine Pégard était déclarée ouverte. Plusieurs noms avaient circulé, d’Emmanuel Hoog, patron de l’AFP, à Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux.

Récemment, Jean d’Haussonville, qui dirige le domaine de Chambord, avait présenté sa candidature. Une fois n’est pas coutume, après avoir propulsé Muriel Mayette, proche de Manuel Valls, à la tête de la Villa Médicis, à Rome, l’Elysée a choisi la continuité, sans doute pour éviter de donner une coloration politicienne à un poste hautement régalien.