La nouvelle version de la Renault Zoe, présentée au Mondial de l’automobile, jeudi 29 septembre à Paris. | MIGUEL MEDINA / AFP

« C’est la fête de l’automobile, quand même… », répétait d’un air contrit un cadre de BMW, lors de la soirée inaugurale du Mondial de Paris, jeudi 29 septembre, porte de Versailles. A l’issue de la première journée, traditionnellement réservée à la presse ainsi qu’aux professionnels et consacrée à la révélation des nouveautés, nombre de vétérans des Salons de l’auto jugeaient que l’édition 2016, qui se tiendra jusqu’au 16 octobre, avait un goût de petit millésime. Moins courue. Moins enthousiaste.

Cette estimation au jugé sera évidemment à confirmer lors de l’ouverture au public, samedi 1er octobre, mais ce ressenti n’est pas très surprenant. Deux constructeurs majeurs – Ford et Volvo – étaient absents cette année et les grands patrons américains n’avaient pas daigné faire le déplacement : Mark Fields (Ford), Mary Barra (General Motors) ou encore Sergio Marchionne (Fiat-Chrysler), qui a annulé sa venue au dernier moment.

Le Mondial de Paris 2016 ressemble finalement à ce qu’il est : un Salon en pleine mutation, où l’on parle davantage autonomie électrique, bilan écologique des batteries, fin du diesel et « écosystème numérique des nouvelles mobilités » que de ce qui constitue encore 99 % du business, à savoir la vente de voitures automobiles à moteur à explosion.

« Des vraies voitures » chez PSA

Cette ambiance mitigée est paradoxale. Le secteur s’est remis d’aplomb en Europe après la profonde crise de 2008-2013 : la croissance des immatriculations de voitures particulières neuves depuis début 2016 s’établit à 6,1 % en France et 8,1 % dans l’Union européenne. Toyota, le numéro un mondial, s’attend à ses meilleures ventes en Europe depuis 2008. Les industriels ont donc reconstitué leurs marges, et ont les moyens de réinvestir.

Le public professionnel a assisté à un duel franco-allemand souvent axé sur l’offre zéro émission. D’un côté, Volkswagen a révélé son concept-car tout électrique, ID, à l’ambiance futuriste et familiale, destiné à tourner la page du « dieselgate ». L’engin sera capable de parcourir jusqu’à 600 km entre deux recharges à l’horizon 2020. Daimler, qui ne prend désormais plus Tesla de haut, a lancé une marque dédiée à l’électrique EQ, et présenté un prototype de 4 × 4 urbain (SUV) zéro émission, disponible à l’achat dans trois ans.

A l’autre bout du Salon, dans le pavillon 1, celui des « français », Renault a présenté sa Zoe à 400 kilomètres d’autonomie et dévoilé un bolide conceptuel, Trezor, dont le style flamboyant « préfigure la nouvelle gamme Renault (…), qui va venir dans quelques années », selon le PDG, Carlos Ghosn. PSA s’est finalement distingué en mettant en vedette de « vraies voitures », ses nouveaux SUV 3008 et 5008 et une petite Citroën, la C3.

La nouvelle version du Peugeot 5008 présentée au Mondial de l’automobile, vendredi 30 septembre à Paris. | ERIC PIERMONT / AFP

Des partenariats avec des start-up

La question de l’écosystème numérique, qui accompagnera les voitures de demain, agite aussi le Mondial de Paris. Daimler y a ainsi annoncé la création d’une nouvelle division digitale. « Nous ne pouvons ignorer ce mouvement », confirme Hildegard Wortmann, patronne de la marque BMW, qui, avec son offre d’auto-partage DriveNow, revendique déjà 650 000 inscrits dans le monde.

Pour investir ces nouveaux métiers de la mobilité, les constructeurs nouent des partenariats. BMW en a signé vingt-cinq, Volkswagen plusieurs dizaines. L’une des alliances les plus spectaculaires, révélée également au Salon, est l’annonce d’une collaboration entre Waze et Renault dans le but d’intégrer ce réseau social, qui fait office d’application GPS, au tableau de bord des futurs modèles de la marque française. L’intégration se fera au début de l’année prochaine par l’intermédiaire d’Android Auto, le système d’application pour voitures de Google.

PSA, de son côté, avait annoncé, la veille du Mondial, la création de la marque Free2Move, destinée à devenir une application ombrelle rassemblant ses partenaires de la mobilité, dont Bolloré (système d’auto-partage), et les start-up Koolicar et Travelercar (auto-partage entre particuliers). PSA a pour objectif de réaliser 300 millions de chiffre d’affaires d’ici à 2021 dans les services de mobilité, à comparer aux plus de 55 milliards issus de la vente d’automobiles.