Documentaire sur France 5 à 22 h 35

INTOX: Les années de plomb, une tragédie italienne
Durée : 02:14

Le 12 décembre 1969 à Milan, une bombe explosait dans la Banque nationale de l’agriculture, piazza Fontana, à quelques pas du Dôme. L’engin fit 16 morts et 88 blessés. Aussitôt, sans aucune preuve, la police orienta l’enquête vers l’extrême gauche en arrêtant plus de 4 000 personnes. Les milieux anarchistes étaient particulièrement visés. Au cours de leurs interrogatoires, les policiers sélectionnèrent Pietro Valpreda, un militant anarchiste, qu’un chauffeur de taxi déclara reconnaître. Ce dernier avouera son faux témoignage quelques années plus tard.

Dans le même temps, Giuseppe Pinelli, un jeune cheminot libertaire, fut aussi arrêté. Interrogé par le commissaire Luigi Calabresi, il fut retrouvé mort dans la cour de la préfecture de Milan, « tombé » du quatrième étage. Bête noire de l’extrême gauche, Calabresi fut abattu le 17 mai 1972 par un commando. Et, après des années d’enquête, les juges découvrirent que l’attentat de la piazza Fontana avait été commis par les milieux fascistes. Ces derniers voulaient créer une « stratégie de la tension » dans toute l’Italie pour ensuite « rétablir l’ordre ». Et, surtout, empêcher par tous les moyens l’arrivée au pouvoir du Parti communiste (PCI), qui rassemblait alors près de 30 % d’électeurs.

Point d’orgue des années de plomb, l’enlèvement et l’assassinat par les Brigades rouges d’Aldo Moro, le président du conseil italien, en avril-mai 1978. | © Sunset Presse

Cet attentat signa le début des années de plomb, que connut l’Italie jusqu’en 1982 avec, comme point d’orgue, en avril-mai 1978, l’enlèvement et l’assassinat par les Brigades rouges d’Aldo Moro, le président du conseil italien, ­artisan du « compromis historique » avec les communistes pour les faire entrer au gouvernement.

Sous le joug des Américains

Or, cette orientation ne plaisait pas du tout à Washington qui, après la guerre, avait fait de l’Italie l’une de ses bases militaires avancées. C’est au cours de toutes ces années que les Italiens découvrirent, grâce aux juges indépendants, que leur pays était sous le joug des Américains, qui avaient mis en place le réseau Gladio, et étaient manipulés par un pouvoir occulte, la loge maçonnique P2, regroupant les principaux dirigeants des services secrets, de la police, de l’armée, et des industriels, dont Silvio Berlusconi.

Avec rigueur et précision, le réalisateur Nicolas Glimois raconte ces années noires qui ouvrirent la voie du pouvoir au Cavaliere et à ses alliés populistes.

Les Années de plomb, une tragédie italienne, de Nicolas Glimois (Fr., 2016, 55 mn).