Marie-Noëlle Lienemann a lancé sa candidature à la primaire de la gauche, samedi 1er octobre, à Paris. | AP / Le Monde

Pourquoi cette péniche ? « Parce que nous avons des idées concrètes », sourit l’entourage de Marie-Noëlle Lienemann. Amarrée près de la gare d’Austerlitz et du métro aérien, « la Concrete » accueille en temps normal les noceurs parisiens désireux de danser en journée avec vue sur la Seine. Mais, samedi 1er octobre, la sénatrice de Paris a utilisé le lieu pour d’autres festivités diurnes.

A quai, Mme Lienemann organisait cet après-midi une première réunion de campagne dans le cadre de sa candidature à la primaire de la gauche. En concurrence avec d’autres représentants de l’aile gauche du Parti socialiste - Benoît Hamon s’est déjà aussi porté candidat, Arnaud Montebourg et Gérard Filoche attendent encore -, la sénatrice entend se présenter au scrutin des 22 et 29 janvier 2017 en vue de l’élection présidentielle.

Dans ce contexte de dispersion, l’ancienne ministre (1992-1993) et secrétaire d’Etat (2001-2002) chargée du logement a tenu à faire entendre sa conception de la gauche devant une centaine de sympathisants :

« La France a besoin de justice sociale, un impérieux besoin de justice sociale. […] La France a besoin de la gauche. Pas d’une gauche délavée, honteuse, archaïque. »

Autant d’adjectifs dépréciatifs qui s’appliqueraient très bien, trop bien, selon Marie-Noëlle Lienemann, au quinquennat de François Hollande et au gouvernement de Manuel Valls.

Rappelant s’être opposée dès le départ aux orientations du gouvernement, la « frondeuse » a focalisé son intervention de l’après-midi sur les questions socio-économiques plutôt que sur la menace terroriste ou les enjeux sécuritaires. A l’estrade, une affiche annonce son slogan de campagne (« La France que nous voulons »), suivi de deux lignes bien dans le ton : « Tournons la page libérale, construisons de nouvelles conquêtes ».

Ministère de l’éducation populaire

Pour réparer l’action d’un quinquennat qui aurait, selon elle, « lourdement failli », l’ancienne eurodéputée entend d’abord relancer la croissance par une augmentation du pouvoir d’achat. Sa première proposition va dans ce sens.

  • La candidate à la primaire de la gauche souhaite « une hausse immédiate du smic à 1 300 euros net par mois, et à 1 500 euros d’ici à la fin du prochain quinquennat ». La mesure s’accompagnerait, dans le même temps, d’un plafonnement du salaire des patrons.
  • Autre proposition : « un plan de relance de 35 milliards d’euros » dès 2017 pour revaloriser « les petites retraites » et assurer « la mise en œuvre d’un revenu de base » pour tous les jeunes de moins de 28 ans. L’investissement générerait, d’après ses calculs, « de 350 000 à 500 000 emplois ».

S’exprimant ensuite sur la question du logement et de l’égal accès aux nouvelles technologies, la sénatrice de Paris a refusé de « s’enfermer dans le débat sur l’identité nationale » qui occupe actuellement la primaire de la droite, dont les deux tours, les 20 et 27 novembre, précéderont de deux mois ceux de la gauche.

Pour en rester à ses considérations économique et sociale, Marie-Noëlle Lienemann a plutôt annoncé sa volonté de créer « un ministère de l’éducation populaire ». Il s’agirait de compléter « l’action éducative de l’école publique » et d’assurer « un maillage et une diversité d’activités de qualité partout et pour tous ». Tout cela dans la continuité, explique l’élue, du « Front populaire » de 1936.

Convergences possibles

Quatre-vingts ans après Léon Blum, la primaire de la gauche donne à voir un PS en ordre dispersé, et notamment sur son aile gauche. En attendant de savoir si François Hollande se présentera bien pour sa réélection, la sénatrice parisienne continue toutefois de se déclarer disponible pour d’éventuelles « convergences », voire pour une candidature commune, avec Arnaud Montebourg et Benoît Hamon.

Les deux candidats la devancent pour l’instant dans les sondages. « On ira soit tous les trois ensemble, soit chacun y ira tout seul », explique Mme Lienemann, accompagnée samedi après-midi de Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne, et de l’eurodéputé socialiste Emmanuel Maurel, deux de ses principaux soutiens.

Dimanche 2 octobre, au lendemain de cette candidature, le conseil national du Parti socialiste devrait justement déterminer les modalités de cette primaire. Et confirmer s’il reprend ou non les mêmes critères de parrainages qu’à la primaire de 2011 (5 % des parlementaires PS, des membres titulaires du Conseil national, des maires des villes de plus de 10 000 habitants répartis dans dix départements et quatre régions ou des conseillers régionaux et départementaux de dix départements et quatre régions).