Dans un regain de tensions entre communautés, notamment entre Serbes et Bosniaques musulmans, les Bosniens s’apprêtent à désigner leurs maires dimanche 2 octobre. Dans la plupart des quelque 140 communes, les listes proposées aux quelque 3,2 millions d’électeurs se sont bâties sur des bases communautaires.

Les chefs politiques des Serbes de Bosnie comme des Bosniaques, Milorad Dodik et Bakir Izetbegovic, ont notamment mené des campagnes agressives, usant de la rhétorique nationaliste.

Au nord-ouest du pays, une ville de 40 000 habitants, Velika Kladusa, a de fortes chances d’être dirigée à partir de lundi par un criminel de guerre, Fikret Abdic, condamné par la justice croate. Durant la guerre (1992–1995), ce Bosniaque musulman, potentat local et chef de guerre, avait pactisé avec les Serbes contre les forces bosniaques loyales à Sarajevo, et proclamé une « région autonome de Bosnie occidentale ». Il a recouvré la liberté en 2012 après avoir purgé les deux tiers d’une peine de 15 ans de prison.

Le souvenir de la guerre sera également très présent à Srebrenica, ville-symbole de l’est où des candidats serbe et bosniaque sont aux prises. Une victoire du premier, donné favori, serait vécue comme un affront pour les musulmans, 21 ans après le massacre de quelque 8 000 d’entre eux.

Un pays divisé en deux entités

Les divisions intercommunautaires sont encore à blâmer pour l’absence de vote à Mostar (sud), divisée entre Bosniaques et Croates. Leurs principales formations, le parti nationaliste bosniaque (SDA) et l’Union démocratique croate (HDZ, droite nationaliste), ne sont pas parvenues depuis six ans à un compromis pour organiser le scrutin.

Le scrutin municipal se tient une semaine après le référendum organisé par les Serbes de Bosnie qui ont décidé de continuer à fêter leur propre « fête nationale », malgré le veto de la justice et l’émoi des Bosniaques. L’accord de Dayton, qui a mis fin à la guerre, a consacré la division de la Bosnie en deux entités, serbe et croato-musulmane, reliées par un faible gouvernement fédéral.

Dans ce pays où 50 % des habitants sont musulmans pratiquant, pour la première fois, une candidate portant un niqab s’est présentée. Toutefois, Indira Sinanovic figure sur la liste d’un petit parti et a peu de chances d’être élue conseillère municipale de Zavidovici, petite commune du centre.