Vue partielle des anciens abattoirs de Marseille, prise le 22 novembre 2011 dans le quartier Saint-Louis, où devait se construire la future grande mosquée de Marseille. | BORIS HORVAT / AFP

La communauté musulmane de Marseille n’est pas prête de voir son projet de grande mosquée se réaliser. Et pour cause, le conseil municipal a voté, lundi 3 octobre, la résiliation du bail du terrain destiné à sa construction. « Le bail est caduc, le permis de construire est caduc, ce n’est pas la peine d’aller plus loin », a lancé le maire (LR) Jean-Claude Gaudin avant de mettre au vote le rapport 235 qui portait sur la « résiliation du bail emphytéotique administratif conclu par la ville de Marseille au bénéfice de l’association La Mosquée de Marseille pour l’édification d’une mosquée ».

La municipalité a avancé plusieurs motifs pour cette résiliation, dont un terrain laissé à l’abandon et des problèmes de recouvrement de loyers. L’association, qui a cumulé trois ans de retard de loyers, soit 62 000 euros, s’est toutefois engagée à régulariser sa situation d’ici à la fin de l’année.

Une partie de l’opposition de gauche a voté contre la résiliation du bail, notamment la sénatrice socialiste Samia Gahli et l’écologiste Karim Zéribi. M. Gaudin s’est, en revanche, engagé à « faciliter » un éventuel futur projet, « si un jour la communauté musulmane veut ériger une grande mosquée ». « Nous vérifierons l’origine des fonds, nous vérifierons si c’est possible et, à ce moment-là, nous chercherons un terrain pour construire cela », a-t-il poursuivi.

Un chantier au point mort

En 2007, la ville avait consenti un bail de 50 ans pour un terrain de 8 000 m² sur le site des anciens abattoirs, situés au nord de la ville, dans le 15arrondissement. La première pierre a été posée en 2010, malgré des recours déposés par le FN sur des problèmes de parking et sur un loyer jugé trop bas – ce qui avait d’ailleurs obligé la municipalité à augmenter le montant demandé à l’association. Faute de financements et de divisions au sein de l’association porteuse du projet, les travaux n’ont jamais réellement commencé. Aujourd’hui, le terrain est à l’abandon et le bâtiment actuel, destiné à la destruction, n’est toujours pas rasé.

La cité phocéenne compte quelque 220 000 musulmans, dont 70 000 pratiquants, sur 850 000 habitants, selon une estimation établie à partir de données du conseil régional du culte musulman (CRCM) et de la préfecture des Bouches-du-Rhône. Elle abrite également environ 70 mosquées et salles de prière officielles, toujours selon le CRCM.