La carte de l’élection de 2012 avec les grands électeurs. | Infographie Le Monde

Au cours des prochaines semaines, Donald Trump et Hillary Clinton vont parcourir une poignée de « swing States », ces Etats-clés pour l’élection présidentielle du 8 novembre.

Dans la liste des onze Etats jugés « compétitifs » par le New York Times (représentant 156 grands électeurs), quatre Etats apparaissent comme extrêmement disputés : la Caroline du Nord, la Floride, l’Ohio et le Nevada (soit en tout, 68 grands électeurs). Les sondages y varient du tout au tout d’une semaine sur l’autre au point qu’il est difficile de prédire qui l’emportera.

La Caroline du Nord à pile ou face

En Caroline du Nord (quinze grands électeurs), les sondages compilés par Realclearpolitics, le HuffPost Pollster ou le site Fivethirtyeight montrent que les deux candidats sont séparés par trois dixièmes de points.

Reflet de l’incertitude, le HuffPost Pollster estime qu’Hillary Clinton mène dans l’Etat, le New York Times donne à la candidate 54 % de chances de l’emporter. Pour sa part, le site FiveThirtyEight affirme que Donald Trump obtiendra 50,6 % des voix en novembre.

Le magazine Facing South de l’Institute for Southern Studies, citant le Cook Political Report (une newsletter spécialisée dans l’analyse des élections et des campagnes américaines), estime que toutes les élections de 2016 dans cet Etat du Sud (présidentielle, sénatoriale, pour le gouverneur, le ministre de la justice de l’Etat, la Cour suprême, etc.) se joueront à pile ou face (on parle de « toss-up State »). Dans cet Etat, environ 40 % de l’électorat est enregistré comme démocrate, 30 % comme républicain et 30 % comme non affilié.

Hillary Clinton lors d’une réunion publie à Raleigh, en Caroline du Nord, le 27 septembre 2016. | BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

La Floride en train de perdre son statut de « swing State »

La Floride (29 grands électeurs) a longtemps été considérée comme le plus versatile des Etats-clés. C’est là qu’Al Gore a perdu face à George W. Bush en 2000. Mais la Floride n’est plus un exactement un « swing State » pour les démocrates : Barack Obama l’a emporté en 2008 et en 2012. Et si le « Sunshine State » demeure un must-win, un « passage obligé » pour la victoire, il l’est seulement pour Donald Trump.

Hillary Clinton descend de son avion à Vero Beach, en Floride, le 30 septembre 2016. | BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Car en 2016, la démographie n’est pas favorable au candidat républicain. Les électeurs hispaniques représentent 25 % de la population, les jeunes d’origine cubaine qui s’inscrivent sur les listes électorales, essentiellement dans les rangs des démocrates. A cet électorat s’ajoute l’afflux de Portoricains (qui sont citoyens américains) qui votent traditionnellement démocrate. L’électorat afro-américain (16 % de la population) est peut-être moins mobilisé, mais il soutient la candidate démocrate. Enfin, l’électorat « blanc et diplômé », qui a voté pour Barack Obama en 2012, fait défaut à Donald Trump.

Hillary Clinton est en mesure de remporter la Floride. Selon le HuffPost Pollster, elle mène (à 95,3 %), le New York Times lui donne 65 % de chances de remporter l’Etat, le site FiveThirtyEight est plus prudent, ne lui donnant que 55,5 % de chances de gagner. En remportant cet Etat, la candidate démocrate serait en mesure de mettre fin au suspense entourant le résultat de l’élection le 8 novembre aux alentours de 21 h 30.

L’Ohio, pari du Trump, impasse de Clinton

Comme la Floride, l’Ohio (18 grands électeurs) a longtemps été un Etat essentiel. Depuis 1960 et John F. Kennedy, aucun candidat n’a remporté l’élection sans gagner dans cet Etat.

Mais, comme la Floride, l’Ohio n’a pas la même importance pour les deux candidats. L’Etat est vital pour Donald Trump, où sa campagne rencontre un écho favorable dans des bastions industriels et miniers dévastés qui votaient historiquement démocrates.

De fait, la candidate démocrate semble faire l’impasse sur le « Buckeye State ». Elle ne s’y est pas rendue depuis le début du mois de septembre, et n’y sera pas de retour avant le début d’octobre, une reconnaissance implicite qu’il ne sert à rien, pour elle, d’y faire campagne pour remporter l’élection. Sur les 1 024 combinaisons d’Etats permettant de remporter l’élection du 8 novembre, Mme Clinton en a 693, Trump 315, affirme le New York Times qui estime qu’il y a seize possibilités pour un match nul.

Dans les sondages, Donald Trump dispose d’un avantage de 2 % sur la démocrate, selon RealClearPolitics. Le New York Times donne au candidat 54 % de chances de l’emporter. Le site FiveThirtyEight est en revanche certain que le candidat républicain remportera l’Etat, lui donnant 54,5 % de probabilité d’y parvenir. Seul le HuffPost Pollster est moins catégorique : pour lui, les deux candidats ne sont séparés que par un dixième de point.

Le Nevada, « swing State » de la diversité

Le Nevada (six grands électeurs) est (re)devenu un « swing State » sans s’en apercevoir. Barack Obama a remporté l’Etat en 2008 et 2012, George W. Bush l’avait remporté en 2000 et 2004, Bill Clinton en 1992 et 1996. Mais en 2016, le « Silver State » menace de repasser dans le rouge.

Des partisans d’Hillary Clinton à Las Vegas, dans le Nevada, le 4 août 2016. | David Becker / AFP

Le discours du candidat républicain (« j’aime les gens qui n’ont pas fait d’études », lors du caucus de février) reçoit un écho favorable auprès des électeurs blancs peu diplômés, surreprésentés dans l’Etat, d’autant que l’économie du Nevada ne s’est pas totalement relevée de la crise immobilière de 2008, note Politico : le taux de chômage est passé de 13,7 % en 2010 à 6,5 % en juillet 2016 (la moyenne nationale est de 4,9 %).

Hillary Clinton, de son côté, a fait campagne depuis 2015 auprès des électorats latino et asiatique, concentrés autour de Las Vegas et de Reno. Selon l’agence de presse AP, les démocrates ont près de 70 000 électeurs inscrits de plus que les républicains.

Dans les sondages, les deux candidats restent au coude-à-coude. Mais le New York Times estime qu’Hillary Clinton a 62 % de chances de remporter la victoire dans le Silver State, tandis que le site FiveThirtyEight donne à la candidate démocrate 55,8 % de probabilité d’y remporter la victoire.