Marie-Noëlle Lienemann, à Reims, le 9 septembre. | FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Pourquoi cette péniche ? « Parce que nous avons des idées concrètes », réplique, d’humeur badine, l’entourage de Marie-Noëlle Lienemann. D’ordinaire, la Concrete, c’est le nom du bateau amarré près de la gare d’Austerlitz, qui accueille les noceurs parisiens qui désirent danser en journée. Mais, samedi 1er octobre, en présence d’une centaine de sympathisants, la sénatrice socialiste de Paris a investi le lieu pour un autre type de festivités.

Candidate à la primaire de la gauche pour la présidentielle, Mme Lienemann organisait cet après-midi sa première réunion de campagne dans une ambiance de puzzle préélectoral. A trois mois du scrutin programmé par le PS et ses alliés, voilà la parlementaire en concurrence avec trois autres candidats, eux aussi opposés au gouvernement et qui se posent en alternative au chef de l’Etat : Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, qui la devancent dans les sondages, ainsi que Gérard Filoche, ces deux derniers étant issus comme elle de l’aile gauche du PS.

« L’aile gauche du Parti socialiste a toujours été diverse », balaie l’ancienne ministre (1992-1993) et secrétaire d’Etat (2001-2002) chargée du logement. Un soupir, puis ce regret : « Ça me désole que vous abordiez toujours cette question, et non mes propositions… » Voilà qui tombe bien : Marie-Noëlle Lienemann, 65 ans, adhérente « depuis 1971 », a justement annoncé ce week-end son programme.

Contrecarre Hollande

Pour réparer l’action du quinquennat de François Hollande qui aurait, selon elle, « lourdement failli », l’ex-eurodéputée entend surtout œuvrer à une politique de « justice sociale » : « hausse immédiate » du SMIC à 1 300 euros net par mois, puis à 1 500 euros ; mais aussi, « plan de relance de 35 milliards d’euros » dès 2017 pour revaloriser « les petites retraites » et assurer « la mise en œuvre d’un revenu de base » destiné aux moins de 28 ans.

Samedi, la seule femme pour l’instant candidate a défendu ces mesures avec « [ses] camarades » Emmanuel Maurel, eurodéputé, et Jérôme Guedj, conseiller départemental de l’Essonne. « Je vais vous donner un scoop », prévient ce dernier sur le ton de la blague, avant d’énoncer une évidence : « au plus tard au deuxième tour » de la primaire, tous les candidats frondeurs coaliseront leurs forces s’il faut contrecarrer François Hollande, lequel n’a pas encore officialisé sa candidature en vue d’une réélection à la présidence de la République.

En attendant, cette « polyphonie » de candidats aurait du bon, estime Jérôme Guedj : « L’enjeu est de porter cette primaire pour s’adresser au peuple de gauche. Pas uniquement aux socialistes, mais aussi aux écologistes, aux communistes, aux électeurs de Mélenchon, et Marie-Noëlle Lienemann est capable d’intéresser ces pans de l’électorat. » Militant du Parti communiste, patron de start-up, viticultrice, responsable d’Emmaüs, ou encore, en la personne de Sarah Soilihi, championne du monde de kick-boxing : les unes et les autres ont pris le micro dans l’après-midi, face au public, pour tenter d’accréditer cette idée.

En guise de tapisserie, une affiche dont le leitmotiv conviendrait sans doute aussi à M. Montebourg, M. Hamon ou M. Filoche : « Tournons la page libérale, construisons de nouvelles conquêtes. »