LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, ne ratez pas la saison de l’excellente série inspirée du livre de Roberto Saviano sur la Camorra, voyagez dans le temps et l’espace, dans les Indes britanniques et évitez si vous voulez la première série de Woody Allen.

« Gomorra », saison 2 : guerre de succession

Gomorra Saison 2 - CANAL+ [HD]
Durée : 00:45

Il y eut tout d’abord le livre du journaliste italien Roberto Saviano, Gomorra (2006), vendu à des millions d’exemplaires dans le monde entier. Une description si précise et documentée de la Camorra, puissante organisation mafieuse à Naples, qu’elle contraint dorénavant son auteur à vivre sous protection policière permanente. Il y eut ensuite un film, adapté de ce livre par le réalisateur Matteo Garrone en 2008. Puis une série, dont Canal+ diffuse la deuxième saison, écrite sous la supervision de Roberto Saviano lui-même : une histoire originale et actualisée sur les pontes et petites mains de la Camorra, à partir de son travail d’enquête sur la guerre sanglante qui déchira les clans des quartiers pauvres de Secondigliano et de Scampia à Naples en 2004. Canal+ a commencé la diffusion de cette deuxième saison jeudi 29 septembre, il est donc temps d’en rattraper les premiers épisodes, tant cette série mérite d’être suivie.

Même s’il est parvenu à s’échapper de prison, le parrain Don Pietro est pour un temps obligé de se terrer, seul et sans argent. La place est donc faite dans cette saison 2 à la génération suivante, celle de son fils, Gennaro, et de son ancien bras droit, Ciro. Le rythme plus lent qu’induit la prise de pouvoir de ces deux personnages moins expérimentés que ne l’était le parrain ne nuit en rien à la tension dramatique de la série. Elle reste passionnante de bout en bout, impeccablement interprétée et fort bien réalisée. Martine Delahaye

« Gomorra », saison 2, série créée par Stefano Sollima, Claudio Cupellini et Francesca Comencini. Avec Marco D’Amore, Salvatore Esposito, Fortunato Cerlino, Cristiana Dell’Anna (It., 2014, 12 x 52 minutes). Le jeudi sur Canal+ à 22.40, deux épisodes par soirée.

« Gomorra » : « La série de mafia la plus importante depuis les Soprano »
Durée : 04:02

« Indian Summers », romanesque et flamboyant

Indian Summers (1/10) - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31

Chaque été, avant l’indépendance de l’Inde, la haute et minuscule administration britannique qui dirige le pays quitte l’étouffante New Delhi pour s’installer à Simla, sur les contreforts plus frais de l’Himalaya. Pendant quelques mois, se retrouvent dans cette petite ville le vice-roi des Indes, ses équipes et des membres de l’establishment. Avec, pour point de ralliement, le British Club où l’on ne se retrouve qu’entre Blancs (le lieu est interdit aux chiens et aux Indiens), pour y boire un verre, y chanter, y célébrer des fêtes. C’est là un concentré d’Angleterre que dirige une femme qui vaut tout un gouvernement à elle seule : Cynthia Coffin (autrement dit « Cynthia Cercueil », formidablement interprétée par Julie Walters).

Nous sommes en 1932 lorsque commence l’intrigue d’« Indian Summers », série sur le déclin de l’empire britannique. Le vice-roi et l’armée coordonnent leurs efforts pour tuer dans l’œuf toute velléité d’indépendance de la part de fortes têtes inspirées par Gandhi, mais de plus en plus d’Indiens suffoquent face au racisme et à l’aveuglement de l’administration britannique…

Forte de la flamboyance de ses paysages, de la beauté de ses décors et du « romanesque » (passablement à l’eau de rose) de ses intrigues, « Indian Summers » s’avère un divertissement de belle tenue, sans pour autant atteindre la finesse et la complexité que les créateurs britanniques donnent à leurs séries historiques. M. De.

« Indian Summers », saison 1, série créée par Paul Rutman. Avec Henry Lloyd-Hughes, Nikesh Patel, Julie Walters (R.-U., 2015, 10 x 47 mn). En VF et VOSTF. Voir les deux premiers épisodes en replay sur Arte + 7, avant les épisodes 3 à 5 jeudi 6 octobre à partir de 20 h 55.

Woody Allen en mode série

CRISIS IN SIX SCENES Official Trailer (2016) Woody Allen, Miley Cyrus
Durée : 02:35

Disponible depuis le 30 septembre aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne, mais pas en France – où le service de vidéo à la demande par abonnement d’Amazon.com n’a pas encore été lancé, la série « Crisis in Six Scenes » de Woody Allen ne risque pas de bouleverser le genre ni même la filmographie de son auteur. Les six épisodes de quelque 30 minutes, que nous avons pu visionner, ont un propos plutôt divertissant (avec un dernier épisode drôlissime, notamment la scène de la loge des Marx Brothers). Ils s’inscrivent dans la plus pure veine allénienne, avec ses codes, ses références et ses thématiques habituelles : le couple en crise, le rôle transformatif d’un « visiteur », la magie d’un improbable happy end, etc.

Mais « Crisis in Six Scenes » ne possède en rien le rythme d’une série : Woody Allen donne l’impression d’avoir recyclé un vieux projet cinématographique pris en note sur ses carnets jaunes et laissé au fond d’un tiroir de sa chambre à coucher – où il écrit volontiers. Afin de « tenir » la durée du cycle minimum d’une minisérie, il a gonflé certaines scènes au-delà du raisonnable et laissé des éléments de remplissage qui n’auraient jamais dû passer la barrière de la salle de montage.

Le seul problème est que, élaguée de ces longueurs, la série ne ferait pour autant pas un bon film : en dépit de ses thématiques qui renouent avec les bons crus du cinéaste américain que sont Everyone Says I Love You (1996) et Whatever Works (2009), « Crisis in Six Scenes » ne se tient qu’au niveau moyen de la production d’un auteur qui n’a plus produit de chef-d’œuvre depuis Match Point (2005). On signalera, au sein d’une distribution de haut vol menée par Allen lui-même et l’hilarante Elaine May, la présence de l’acteur français Gad Elmaleh, à l’excellent anglais, dans un rôle mineur, mais mémorable. Renaud Machart

« Crisis in Six Scenes », de Woody Allen. avec Woody Allen, Elaine May, Miley Cyrus, Gad Elmaleh, John Magaro (E.-U., 2016, 6 x 30 mn). Amazon.com