Parmi les produits présentés par Google mardi 4 octobre, Home, leur boîtier intelligent en réponse à Echo commercialisé par Amazon depuis 2014. | Ramin Talaie / AFP

En partie dévoilé il y a quatre mois, Home est la réponse à Echo, un appareil similaire commercialisé par Amazon depuis 2014. Le marché est encore naissant et pour le moment limité aux Etats-Unis. Mais certains analystes estiment qu’il pourrait rapidement atteindre plusieurs dizaines de millions d’unités vendues par an. D’autant plus si Apple se lance également sur le segment, comme le rapportait récemment Bloomberg.

Home se contrôle avec la voix. Pour l’activer, il suffit de prononcer la phrase « Ok Google ». Ses deux micros intègrent une technologie permettant de distinguer les voix des bruits environnants, explique la société. Le lancement est prévu pour le 7 novembre, uniquement sur le territoire américain. Aucune information n’a été communiquée sur une possible arrivée en France. Le prix a été fixé à 129 dollars (115 euros), soit 50 dollars de moins que le rival d’Amazon.

Avec Home, le géant du Web veut devancer l’évolution des habitudes des consommateurs, en installant son assistant personnel sur un nouvel appareil. Ces assistants – comme Siri d’Apple, Cortona de Microsoft et Alexa d’Amazon – remplacent de plus en plus les moteurs de recherche, en particulier sur les supports mobiles. Il est en effet plus facile de parler à son smartphone que de taper une recherche sur l’écran tactile.

Machine learning

En outre, les terminaux comme Echo et Home « seront plus pratiques et naturels pour remplir certaines tâches », explique Jan Dawson, analyste chez Jackdaw Research. Si la moitié des possesseurs d’Echo l’ont installé dans la cuisine, ce n’est pas un hasard. Il est en effet difficile d’utiliser son téléphone en faisant la vaisselle. Google se devait donc de réagir. Si Amazon possède une longueur d’avance – selon les estimations, entre 3 et 7 millions d’unités auraient été vendues –, les positions ne sont pas encore figées.

Face à son rival, l’entreprise de Mountain View dispose en effet de nombreux atouts. Ces dernières années, elle a massivement investi dans le machine learning, une méthode qui permet aux programmes informatiques d’apprendre tout seuls. Dans de nombreux domaines, elle est ainsi en avance. Par exemple, l’intelligence artificielle de Google retient le contexte d’une conversation afin de la rendre plus naturelle.

Le Google Assistant peut en outre aller puiser dans la gigantesque librairie de données constituée par le moteur de recherche depuis son lancement en 1998. Il peut donc fournir davantage de réponses pertinentes aux questions des utilisateurs. « La recherche est au cœur de l’expérience, ce qui n’est pas le cas d’Alexa », note Carolina Milanesi, du cabinet Creative Strategies.

Appeler un Uber, commander une pizza...

Enfin, Home est relié à la vaste panoplie de services Internet de l’entreprise : recherche, courriers électroniques, calendrier, cartographie… « Si vous utilisez cet écosystème, Home connaîtra davantage de choses sur vous qu’Alexa, ce qui le rendra bien plus utile », souligne Mme Milanesi. Cela pourrait aussi être un handicap auprès de ceux qui s’inquiètent des innombrables données personnelles collectées par Google.

Amazon possède un autre avantage : « La possibilité de promouvoir Echo sur le plus important site de commerce en ligne du monde », avance M. Dawson. Ces derniers temps, le terminal occupe en effet une place de choix sur la page d’accueil du e-marchand. La société de Seattle avait déjà mis à contribution cette formidable vitrine pour mettre en avant sa liseuse Kindle puis ses tablettes Kindle Fire.

Par ailleurs, Alexa peut se connecter avec d’autres services, ce qui décuple les possibilités. Il est ainsi possible d’appeler un Uber, de commander une pizza avec Domino’s, de consulter les horaires d’ouverture d’un restaurant avec Yelp ou même de consulter ses comptes bancaires. Selon Amazon, 3 000 applications sont disponibles. « Cette intégration viendra aussi rapidement sur Home », nuance cependant M. Dawson.

Home doit permettre à Google d’enfin percer sur le marché de la domotique. Annoncée en 2011, l’initiative Android@home a rapidement disparu. Et l’acquisition de Nest en 2014 a davantage été marquée par d’importants problèmes de gouvernance interne que par de réelles innovations. Depuis, Amazon lui a montré la voie à suivre. Et « Apple devrait suivre », prédit Mme Milanesi.