Fleur Pellerin au Festival du film de Deauville le 9 septembre. | CHARLY TRIBALLEAU / AFP

« Mon histoire d’adoption n’a eu aucun impact sur ma vie personnelle. (…) Je ne me ressens pas comme asiatique : je ne parle pas coréen et suis très éloignée de la culture coréenne » : les confessions de Fleur Pellerin au Monde, dans son édition du 21 février 2016, ne préparaient nullement à sa reconversion, six mois plus tard, au cœur d’un projet… franco-coréen.

Celle qui fut abandonnée bébé dans une rue de Séoul n’avait pas ressenti de déclic, en mars 2013, lors de sa visite ministérielle en Corée du Sud. « Un mur de caméras m’attendait à la descente de l’avion. Des gens m’offraient des cadeaux dans la rue. C’était étrange. Mais dans mes fonctions de ministre, je me sentais émotionnellement distanciée », avoue-t-elle avant de poursuivre : « Je suis retournée là-bas plusieurs fois depuis et cette relation affective est en train de se tisser. Je compte bien maintenant apprendre le coréen. »

« Contribuer à la croissance économique »

Pragmatique, la super-diplômée s’appuie sur deux constats. « Je bénéficie d’une notoriété singulière en Corée qui me donne accès à la communauté des affaires et au gouvernement », souligne-t-elle. Ensuite, « beaucoup de gens ont investi sur le Japon ou la Chine, mais peu sur la Corée. Il s’agit d’une économie intéressante qui n’est pourtant pas sur la carte mentale ».

Sa rencontre en mai avec les dirigeants de Naver, le premier moteur de recherche sud-coréen, a été décisive. Auprès du Google asiatique et sa filiale Line, « j’ai réussi à lever 100 millions d’euros en deux semaines », se réjouit la dirigeante du nouveau fonds Korelya. Cette somme sera investie dans des jeunes pousses, avec l’objectif de faire émerger « au moins une licorne [start-up valorisée plus de un milliard de dollars] en France et en Europe ».

Mais la voici bien loin de son engagement politique. « La chose publique me tenait à cœur mais il y a plein d’autres façons d’être citoyen. L’intérêt général n’est plus le monopole des Etats ou des institutions », rétorque-t-elle : « Je vais contribuer à la croissance économique et je compte bien m’impliquer dans des initiatives collectives, notamment en faveur des jeunes. Je pourrai plus les aider que lorsque j’étais ministre. » Un brin désabusée.