Le président du Conseil européen, Donald Tusk, le 9 septembre 2016 à Stockholm. | MARCUS ERICSSON / AFP

Le gouvernement polonais ne soutiendra pas la candidature de Donald Tusk à un second mandat de président du Conseil européen. Dans un entretien à paraître vendredi 7 octobre au journal Polska-The Times, Jaroslaw Kaczynski, l’incontesté chef du parti ultraconservateur PiS (Droit et justice) – et ennemi politique de M. Tusk –, a mis les choses au clair : « En Pologne, il y a des procédures en cours au Parlement et au parquet, qui peuvent mener à certaines accusations. Est-ce qu’une telle personne peut être à la tête du Conseil européen ? J’en doute très fortement », explique-t-il. Selon lui, un mandat prolongé de M. Tusk « est très risqué, avant tout pour l’Union européenne ».

Car à Varsovie, le parti au pouvoir, qui redoute plus que tout un retour de Donald Tusk en politique nationale, a ouvert une série de procédures visant à discréditer son action. Jaroslaw Kaczynski considère l’ancien premier ministre Donald Tusk comme « moralement responsable » de la catastrophe aérienne de Smolensk, qui a coûté la vie à son frère Lech Kaczynski, en avril 2010. Le ministère de la défense a ainsi lancé en février une contre-commission d’enquête visant à remettre en cause les conclusions du gouvernement de M. Tusk.

Incertitude

Le Parlement polonais a, par ailleurs, mis en place une commission d’enquête sur l’affaire Amber Gold, une fraude financière qui avait ruiné des dizaines de milliers de Polonais en 2012, affaire dans laquelle le nom de Michal Tusk, le fils du président du Conseil européen, apparaît.

La prise de position du PiS va-t-elle contrarier la carrière de Donald Tusk à Bruxelles ? Pour que son mandat ne soit pas reconduit dans huit mois, après deux ans et demi à la tête du Conseil, il faudrait une majorité qualifiée d’Etats membres, qui semble pour l’heure difficile à atteindre.

Si les débuts du Polonais ont été compliqués à la présidence du Conseil européen, il a su depuis se faire apprécier. Les pays d’Europe centrale – à l’exception de Varsovie – ont notamment apprécié qu’il ait défendu leur point de vue dans la crise des migrants, contribuant grandement à recentrer l’action de l’UE sur la protection des frontières de Schengen aux dépens de l’accueil des réfugiés. Aujourd’hui, personne à Bruxelles n’a intérêt à ce qu’il parte, à un moment de grande incertitude pour l’Union, alors qu’elle va entamer, début 2017, les négociations du Brexit.