Une supportrice de Donald Trump prenant une photographie du candidat à Costa Mesa, en Californie, le 28 avril. | © Lucy Nicholson / Reuters / REUTERS

Pour Donald Trump, le mois d’octobre débute sous de mauvais auspices. Le 1er octobre, le New York Times révélait que le candidat a réussi à éviter de payer l’impôt fédéral. Comme si cela ne suffisait pas, le républicain doit gérer les dégâts de sa sortie contre Alicia Machado, ancienne Miss Univers qu’il a affublée de surnoms désobligeants, comme « Miss Piggy », « Miss femme de chambre », avant de se focaliser sur son problème de poids : des propos qui le mettent en porte-à-faux face à deux catégories d’électeurs, les latinos et les femmes.

Depuis le début de la campagne, Donald Trump souffre d’une image dégradée au sein de l’électorat féminin, qui représente environ 52 % des votants. Selon une série de sondages du mois de mars citée par Politico, la part de femmes ayant une opinion défavorable ou négative du candidat est constante : elles sont 65 % selon un sondage Fox News, 67 % d’après l’université de Quinnipiac, 74 % selon un sondage CNN-ORC, et 74 % d’après ABC News-Washington Post.

Multiples dérapages depuis le début de la campagne

Pendant les primaires, le candidat a joué la carte du « mâle dominant ». D’abord, aux dépens de ses rivaux au sein du Parti républicain pendant la primaire : il a évoqué le manque d’énergie de Jeb Bush, a affublé Marco Rubio du sobriquet de « Little Marco ». Mais l’essentiel de sa « verve » s’est exercé à l’encontre des femmes, comme l’attestent les florilèges de ses remarques équivoques compilés par Politico (à partir de la vingtième citation), le Huffington Post, le Telegraph ou Cosmopolitan.

Décrivant la présentatrice vedette de Fox News, Megyn Kelly, qui l’avait reçue sur la chaîne, il commentait en août 2015 : « Elle avait les yeux injectés de sang, du sang qui sortait d’elle de partout. » Un propos interprété comme une référence à ses règles ; ce que Donald Trump a démenti.

Il a poursuivi de sa hargne l’humoriste Rosie O’Donnell et a moqué l’apparence physique d’une de ses rivales de la primaire républicaine, Carly Fiorina, en lançant : « Regardez-moi ce visage. Qui voterait pour ça ?! » Sa muflerie ne connaissant aucune limite, il a ridiculisé sur Twitter la femme de son adversaire Ted Cruz.

Il est aussi accusé de discrimination dans son golf de Rancho Palos Verdes, en Californie. Le milliardaire ne voulant que des employées au physique attrayant pour assurer le service au restaurant de l’établissement, d’anciennes salariées ont lancé en 2012 une plainte collective contre le club de golf, rapporte le Los Angeles Times.

Pendant le premier débat de la campagne, lundi 26 septembre, face à Hillary Clinton, Donald Trump n’a cessé de couper la parole à son adversaire, qui a su garder son calme, malgré le caractère sexiste de cette pratique (on parle de « manterrupting »). « J’allais l’attaquer sur les femmes de son mari. Puis j’ai décidé qu’il valait mieux ne pas le faire parce que sa fille [Chelsea Clinton] était dans la salle », a-t-il ensuite déclaré sur Fox News.

Trump interrupting Clinton
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A cinq semaines de l’élection, l’attitude du candidat républicain finit par lui porter préjudice : à l’issue du débat du 26 septembre, 55 % des électrices avait une opinion encore moins bonne de Donald Trump, selon un sondage Politico-Morning Consult mené entre le 30 septembre et le 2 octobre. Un sondage NBC-SurveyMonkey indique que 52 % des électrices soutiennent la démocrate, 34 % le républicain.

« Gender gap » historique

Le magazine Washington Monthly estime que Donald Trump aborde la question du gender gap de manière catastrophique. Le gender gap – « écart entre les sexes » –, mesure la différence entre les votes des femmes et celui des hommes, explique le Center for American Women and Politics de l’université Rutgers, dans le New Jersey. Depuis plus de trente ans, ce phénomène joue en faveur des candidats démocrates.

Des supportrices de Donald Trump à Cleveland, lors de la convention du Parti républicain, le 22 juillet 2016. | Pierre Bouvier / « Le Monde »

Le phénomène avait été observé pour la première fois lors de l’élection de 1980. Ronald Reagan avait été élu par une majorité d’hommes (55 % des électeurs, 47 % des électrices), les électrices votant en faveur de Jimmy Carter (45 % contre 36 % des électeurs) : le gender gap s’établissait alors à 17 points.

En 2016, il pourrait atteindre 24 points, prévoit Larry Sabato du Center for Politics de l’université de Virginie. En mai, NPR le fixait à 22 points, tandis que Pew Research, le fixait, en juin, à 16 points.

En août, un sondage de l’université de Monmouth (New Jersey) montrait que le principal problème de Donald Trump dans l’électorat blanc était le manque de soutien auprès des électrices diplômées. Celles-ci quittent le GOP (pour « Grand Old Party », surnom du Parti républicain) : en 2012, Mitt Romney avait remporté 52 % des suffrages des électrices diplômées (46 % pour Barack Obama). Cette fois, Hillary Clinton recueille 57 % d’intentions de vote au sein de cet électorat, contre 27 % pour Donald Trump.

Ivanka Trump pour améliorer l’image de Donald

Pour améliorer son image, Donald Trump a recruté la sondeuse et consultante républicaine Kellyanne Conway, spécialiste du gender gap. Cette dernière l’a forcé à utiliser un prompteur, à s’excuser, parfois, note Time. Sa principale mission consiste à arrondir les angles sur les plateaux de télévision après les sorties de Donald Trump, même s’il lui arrive aussi, elle même, de déraper : « Est-ce que qu’on connaîtrait Hillary Clinton si elle n’était pas mariée à Bill Clinton ? », demande-t-elle ainsi dans un documentaire de la chaîne britannique ITN.

Le candidat compte aussi utiliser l’image d’Ivanka Trump, sa fille, âgée de 34 ans. Très présente dans ses clips de campagne, elle est censée jouer le rôle de caution féminine. Mais son intervention peut parfois être contre-productive lorsqu’elle déclare : « Le job le plus important qu’une femme puisse avoir est d’être mère. »

Motherhood
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