Des slogans de l’organisation Etat islamique à l’entrée de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, le 23 juin 2016. | DELIL SOULEIMAN / AFP

Les recrues étrangères du groupe Etat islamique (EI) en Syrie ont un niveau d’éducation plus élevé qu’attendu : telle est la conclusion d’une une étude de la Banque mondiale publiée mercredi 5 octobre.

L’organisation djihadiste n’est pas allée chercher ses nouveaux combattants « parmi les pauvres et les moins bien formés, mais plutôt le contraire », constate l’institution dans ces travaux basés sur la fuite de données internes de l’EI portant sur 3 803 personnes.

Il s’agit d’informations concernant le pays de résidence, la nationalité, le niveau d’éducation ou encore les expériences précédentes dans le djihadisme ainsi que la connaissance de la charia, ont détaillé les auteurs de cette enquête consacrée plus largement à la situation économique de la région MENA – Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Le chômage, une cause de l’engagement

« L’une des découvertes les plus importantes est que ces personnes sont loin d’être des illettrées », constate la Banque mondiale qui estime que ces données apportent « un éclairage » sur le profil des membres de l’organisation. Pour la période de 2013 à 2014, la plupart des nouveaux combattants « assurent avoir une formation secondaire ».

Ainsi, 43,3 % ont effectué des études secondaires, 25,4 % sont allés à l’université. Seulement 13,5 % n’ont pas dépassé l’école primaire et 1,3 % s’est déclaré illettré, le reste (16,3 %) n’ayant pas donné d’information sur leur formation.

« Les recrues du groupe Etat islamique provenant d’Afrique, du sud et de l’est de l’Asie et du Moyen-Orient sont significativement plus éduquées que leurs compatriotes. La grande majorité affirme avoir eu un emploi avant de rejoindre l’organisation. »

Selon l’étude, ces individus se sont rendus en Syrie avec des objectifs « divers » : « Certains souhaitaient apporter leur aide à l’administration du groupe, d’autres arrivaient avec le désir de mettre un terme à leur vie en se mettant à leur service et d’autres voulaient simplement se battre. »

D’après l’enquête, la proportion de ceux souhaitant participer aux tâches administratives, mais aussi celle des candidats au suicide augmente avec le niveau d’éducation. L’étude arrive à la conclusion que la marginalisation « paraît être un risque de radicalisation », pointant du doigt « le chômage » comme une des causes de l’engagement auprès de EI.

Les chercheurs de l’institution internationale fixent en outre à 27,4 ans la moyenne d’âge des effectifs étrangers de l’organisation.