Michèle Rivasi, lors du premier débat de la primaire écologiste, organsié le 27 septembre sur LCP. | THOMAS SAMSON / AFP

Michèle Rivasi y croit dur comme fer : elle peut être la surprise de la primaire qu’Europe Ecologie - Les Verts organise les 19 octobre et 7 novembre. Plus exactement, elle vise la seconde place derrière Cécile Duflot au premier tour de scrutin, espérant détrôner ainsi Yannick Jadot avec qui elle entretient une rivalité ancienne. « Tout est possible, assure l’intéressée. J’ai joué sur les combats que j’ai menés : le nucléaire, les boues rouges, les lobbys agroalimentaires… »

En campagne, la députée européenne lâche rarement. Elle compte sur le second débat qui opposera les quatre candidats, jeudi 6 octobre, sur BFM-TV, pour s’imposer dans le match. Elle y fait pourtant figure de rescapée. Michèle Rivasi est celle qui est partie le plus tôt en campagne, mais qui a eu le plus de mal à se qualifier. Dès l’été 2015, elle réclame l’organisation d’une primaire écologiste.

Mais une fois cette dernière mise sur les rails, après le retrait de Nicolas Hulot, la députée européenne peine à se qualifier. Ce n’est qu’in extremis qu’elle parvient à remplir les conditions nécessaires pour se présenter. « Elle a une forme de nomadisme interne, critique-t-on chez ses concurrents. Ce qui la guide, ce sont ses intérêts personnels. »

« La candidate de l’authenticité »

Dans cette compétition, où le fond fait peu débat entre les prétendants à l’investiture, Michèle Rivasi se présente comme « la candidate de l’authenticité ». Cette professeur agrégée de biologie, normalienne, se fait connaître en 1986 en dénonçant le « mensonge d’Etat » sur le nuage de Tchernobyl. Elle cofonde la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) puis le Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM).

Elle se lance en politique en 1997 en décrochant le siège de députée apparentée PS de la Drôme. Cinq ans plus tard, elle est balayée par la vague bleue. En 2003, elle fait un bref passage à la direction de Greenpeace France où elle croise Yannick Jadot, alors directeur des campagnes de l’ONG environnementale. Les relations entre les deux sont tendues, le premier rendant peu de comptes à la seconde. « Jadot était mon salarié, raconte-t-elle. Mais il fallait un peu le rappeler à l’ordre, il jouait les mâles dominants. »

Leurs retrouvailles aux européennes de 2009 sous la bannière d’Europe Ecologie les obligent à mettre de côté leur passé commun. Elue dans le Sud-Est, Michèle Rivasi quitte son poste de vice-présidente du conseil départemental de la Drôme et celui d’adjointe au maire de Valence. Au Parlement européen, l’élue s’impose comme une spécialiste des questions de santé environnementale.

Six ans plus tard, l’investiture manque de lui échapper : suite à des magouilles de congrès, la direction de l’époque veut imposer une autre tête de liste. Michèle Rivasi finit par l’emporter et gagne son ticket pour Strasbourg mais elle garde une dent contre ceux qui ont voulu lui barrer le chemin, à commencer par Cécile Duflot. « Ce qui m’a sauvée, c’est le vote des militants, pas la firme », juge-t-elle en référence à ceux qui sont accusés d’avoir verrouillé le parti.

Faiseuse de roi, ou de reine

En difficulté en interne, l’élue a tout misé sur l’externe. Résultat : son département, la Drôme, arrive dans le peloton de tête du nombre de sympathisants inscrits à la primaire. « Ça ne m’étonne pas. Les réseaux personnels de Michèle jouent à plein », glisse Thierry Brochot, trésorier d’EELV. Sur sa profession de foi, elle a mis en bonne place sa principale prise de guerre : Pierre Rabhi, fondateur du mouvement des Colibris, une figure qui compte chez les écolos. Pour elle, la partie s’annonce serrée. Si elle n’est pas qualifiée pour le second tour, elle pourrait se retrouver en position de faiseuse de roi ou de reine. Michèle Rivasi assure qu’elle ne donnera pas de consigne de vote pour laisser le soin « aux militants et à la société civile de choisir ». Une façon aussi de ne pas trancher entre deux vieilles rancunes.