L’ex-président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, va faire l’objet d’une enquête pour appartenance à une « organisation criminelle » d’hommes politiques, a annoncé jeudi 6 octobre, le Tribunal suprême fédéral (STF). Les membres de cette structure sont soupçonnés d’avoir détourné des milliards de dollars du groupe pétrolier d’Etat Petrobras.

Le magistrat Teori Zavascki a décidé d’inclure l’ancien chef de l’Etat, figure emblématique de la gauche latino-américaine, dans les investigations sur la participation de dirigeants du Parti des travailleurs (PT) à un réseau de corruption. Cette affaire qui vise aussi le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre droit), formation du président Michel Temer, et son allié de droite, le Parti progressiste (PP).

Lula, qui a présidé le Brésil de 2003 à 2010, a déjà été inculpé à deux reprises dans ce vaste scandale au sein de Petrobras : pour corruption et blanchiment d’argent, ainsi que pour entrave à la justice. C’est en revanche la première fois qu’il est soupçonné de faire partie d’une organisation criminelle dans ce même dossier, même si le parquet ne l’a pour l’instant pas mis en examen.

Complot des « élites »

Le STF a lancé une vaste enquête, portant notamment sur plusieurs parlementaires et ministres. Il soupçonne l’existence d’« un groupe criminel organisé, commandé et articulé par des personnalités politiques de divers partis, avec l’objectif de pérenniser leur enrichissement illicite ainsi que celui d’entreprises, tout en finançant des campagnes électorales grâce à ces détournements d’argent » public, a expliqué le procureur général Rodrigo Janot.

Mercredi, la police brésilienne avait présenté devant le parquet une nouvelle accusation contre Lula pour corruption passive : il aurait usé de son influence pour favoriser le géant de la construction Odebrecht dans des contrats en Angola en échange de pots-de-vin.

Agé de 70 ans, l’intéressé a toujours rejeté les charges contre lui et dénonce leur caractère politique. Elles viseraient à l’éliminer de la course à la présidentielle de 2018. Il se dit victime d’un complot « des élites », dans la continuité du « coup d’Etat » parlementaire contre la présidente Dilma Rousseff, destituée par le Sénat le 31 août pour maquillage de comptes publics.