Alain Juppe sur le plateau de « L’Emission politique » sur France2 le 6 octobre 2016. | PHILIPPE LOPEZ / AFP

Au lendemain d’un déplacement sur le quai Napoléon, à Ajaccio, Alain Juppé était invité sur le plateau de France 2, jeudi 6 octobre au soir, dans le cadre de « L’Emission politique ».

Le maire (Les Républicains) de Bordeaux, que les sondages placent pour l’instant en tête de la primaire de la droite programmée les 20 et 27 novembre, s’est exprimé deux semaines après le passage de Nicolas Sarkozy, son principal adversaire, dans cette même émission hebdomadaire.

L’émission du soir s’est déroulée sous les yeux, entre autres, de l’ancien secrétaire d’Etat Frédéric Lefebvre. Ancien proche de Nicolas Sarkozy, M. Lefebvre, qui était candidat à la primaire de la droite mais qui n’avait pas réuni les parrainages nécessaires, a annoncé le jour même, dans une vidéo, son soutien à Alain Juppé pour le scrutin à venir.

Si la primaire est « honnête », il votera pour Nicolas Sarkozy en cas de défaite

Même s’il a officiellement six adversaires pour cette primaire, Alain Juppé n’en a ciblé qu’un, d’entrée de jeu : Nicolas Sarkozy, son principal rival. Interrogé sur les attaques de ce dernier qui s’en prend au fait que des électeurs de gauche ont l’intention de voter pour lui, M. Juppé a rétorqué :

« La seule chance de Nicolas Sarkozy de gagner, c’est de remporter les voix de l’extrême droite. »

M. Juppé a maintenu que, « oui », il soutiendra l’ancien président de la République si ce dernier remporte la primaire de la droite. Mais à une condition : que cette primaire soit “honnête”. Il l’a assorti d’une mise en garde. « Si quelqu’un veut saboter la primaire, il explosera en vol. Personne ne prendra le risque qu’elle échoue. »

« S’il n’y a pas de reprise économique, ça voudra dire que j’ai échoué »

C’est l’une de ses mesures phares : s’il est élu président, les allocations-chômage seront dégressives dans le temps. Une condition là aussi : que la reprise économique soit au rendez-vous.

« S’il n’y a pas de reprise économique, ça voudra dire que j’ai échoué, a assuré le maire de Bordeaux. Je pars du principe qu’il y aura reprise. »

Pendant l’émission, le candidat a déroulé ses propositions en matière d’économie : sortir de l’actionnariat d’Etat, donner aux entreprises les moyens d’embaucher, développer l’apprentissage et la formation en alternance… Il a assuré qu’il n’imaginait « pas les organisations syndicales descendre dans la rue », malgré sa volonté de reculer l’âge légal de la retraite à 65 ans ou la fin de l’impôt sur la fortune (ISF).

L’accueil et le refus des migrants

Alain Juppé considère qu’une « bonne politique des migrants repose sur deux pieds : l’accueil des demandeurs d’asile qui doivent être accueillis - c’est la tradition de la France, c’est la tradition de notre démocratie et notre engagement international - et puis le refus de ceux que nous ne pouvons pas accueillir, parce que nous ne sommes pas en mesure de les traiter convenablement ».

L’ancien ministre des affaires étrangères (2011-2012) estime aussi que la chancelière allemande Angela Merkel a commis « une erreur en donnant le sentiment qu’elle allait ouvrir tout grand les bras aux immigrants ». Et d’ajouter, pointant ensuite le gouvernement de François Hollande :

« La France aurait eu un rôle à jouer en secouant le cocotier, en disant’ça ne peut pas continuer comme ça’. On ne peut pas avoir une agence qui s’appelle Frontex, qui n’a ni les moyens budgétaires, ni les moyens humains, ni les moyens juridiques de contrôler les frontières »

Trois conditions au regroupement familial

M. Juppé a ensuite été amené à répondre aux questions de Robert Ménard sur la politique migratoire à mener, invité en plateau. Face au maire de Béziers, qui avait remporté les municipales de 2014 avec le soutien du Front national, le candidat à la primaire de la droite a annoncé ses propositions en matière de regroupement familial.

Alain Juppé souhaite conditionner l’autorisation de regroupements familiaux à trois critères : les revenus du travail, et non pas les allocations-chômage ; une hausse de 20 % des revenus obligatoires pour chaque regroupement familial ; et le fait pour un membre d’une famille d’avoir vécu deux ans en France, et non un an et demi.