David Ginola, le 27 mai 2006. | AP/Dave Thompson

Cette semaine j’ai regardé France-Bulgarie à la télé, match qualificatif à la Coupe du monde. J’ai d’abord pensé que Didier Deschamps était tombé sur la tête avec cette composition d’équipe absolument improbable, et puis je lui ai fait confiance, comme toujours. Mais la France a perdu et est éliminée. Déjà ? Oui, visiblement. La mine déconfite de tous les joueurs prostrés sur le terrain en atteste. Le public présent au stade, les téléspectateurs, les commentateurs, les journalistes vivent tous un drame : la France n’ira pas à la Coupe du monde organisée aux… Etats-Unis ? Attendez, la Russie n’organise plus la prochaine Coupe du monde ? Si ? Je ne comprends plus rien…

Après quelques coups de fil et une enquête de quelques secondes, j’ai compris que je venais de (re)voir le France-Bulgarie de 1993. J’aurais dû me douter plus tôt de mon erreur. Les titularisations de Desailly et de Blanc ne m’ont pas choqué. Varane blessé, il était normal que DD tente quelque chose. Les crampes de Papin à la 60e minute m’ont paru normales : à son âge, quoi de plus logique ? La coupe de cheveux de Pedros ? Il n’en a jamais changé depuis, comment aurais-je pu remarquer quoi que ce soit ? Mais que Didier se titularise lui-même, là, c’était un peu gros. Bah oui, il ne joue pas en club, il ne peut pas prétendre à une place en sélection.

Vingt-trois ans après, ça fait toujours mal de voir les images. Au coup de sifflet final, on a envie de traverser l’écran et de dire aux Blanc, Desailly, Petit, Platini (présent au bord du terrain) et Jacquet (assistant de Gérard Houillier à l’époque, et futur sélectionneur) de ne pas se morfondre, que dans quelques années ils feront rêver la France en battant le Brésil 3-0 en finale de la Coupe du monde, la nôtre, la vraie, celle qui compte. Car statistiquement, si l’équipe de France avait remporté la compétition en 1994, elle n’aurait eu aucune chance de soulever le trophée en 1998… Autre statistique : aucune nation dont le capitaine porte un bandana en guise de brassard n’a remporté la Coupe du monde.

Et puis on a aussi envie de conseiller à Houillier de ne pas parler à chaud de Ginola. Ni à froid, d’ailleurs. Parce que ses mots seraient démesurément injustes à l’encontre d’un joueur qui le paye encore aujourd’hui. Le coller à la présentation de « La France a un incroyable talent » sur M6, c’est salaud, la sanction trop sévère. Sévère pour lui et pour nous aussi…

Lot de consolation pour tous les acteurs de cette soirée : ils sont montés sur le podium. Celui des trois matchs-qui-nous-empêcheront-encore-longtemps-de-dormir-tranquilles. Podium partagé avec « Séville 82 » et « France-Italie 2006 ».

Ah, si seulement Gianni Infantino avait commandé le monde (pardon, la FIFA) dans les années 1990, la France aurait vu l’Amérique en 1994 ! Avec 48 nations présentes dans le tournoi final, on eût été large ! Vous avez paumé contre la Bulgarie ? Pas grave ! Venez quand même ! Venez avec des nations amies, plus on est de fous plus on… empoche les sous.

Gianni, pourquoi on s’emmerde avec des qualifications, d’ailleurs ? Une phase finale avec les 211 nations de la FIFA sur trois mois et sur cinq continents, ça, c’est de la réforme Gianni. Non, parce que, quitte à faire n’importe quoi, autant le faire jusqu’au bout. Demande à Ginola.

A LIRE CETTE SEMAINE DANS LE CAHIER SPORT DU MONDE

– La Chine à la conquête du foot. A coups de milliards de yuans, la Chinese Super League attire désormais des joueurs internationaux réputés. Et les investissement dans les championnats européens sont de plus en plus fréquents.

– Cyborgs olympiques. Samedi 8 octobre, en Suisse, se tient le premier Cybathlon, qui réunit des personnes invalides assistés par des engins ou des prothèses relevant de la robotique de pointe.

– Antoine Griezmann : « Benzema manque aux Bleus ». Dans un entretien au Monde, le meilleur buteur de l’Euro 2016 revient sur la compétition, la ferveur retrouvée de la France et son avenir personnel.