L’ouragan Matthew, qui a déjà fait plus de 400 morts dans les Caraïbes, longeait les côtes de Floride en remontant vers le nord, vendredi 7 octobre et s’était un peu affaibli, mais restait très dangereux avec des vents de près de 200 km/h.

  • L’ouragan longe la Floride

La carte de la trajectoire du cyclone Matthew.

L’ouragan, qui a un peu faibli, tombant en catégorie 3 (sur une échelle de 5 crans), longeait vendredi après-midi les côtes de la Floride en remontant vers le nord.

Il a fait sa première victime sur le sol américain, une femme d’une cinquantaine d’années victime d’un accident cardiaque que les pompiers n’ont pas pu aller secourir en raison de la force des vents.

La côte sud-est des Etats-Unis, de la Floride jusqu’en Caroline du Nord, était placée en état d’alerte et les autorités ont émis des ordres d’évacuation concernant environ 3 millions de personnes. Elles ont multiplié les mises en garde très alarmistes, notamment sur les risques que représentent la montée des eaux, mais les dégâts restaient pour l’heure limités.

Le président Barack Obama a estimé que les habitants du sud de la Floride avaient évité le pire après le passage de l’ouragan, mais il a mis en garde contre une possible montée des eaux. « Il s’agit toujours d’un ouragan vraiment dangereux », a déclaré M. Obama dans le Bureau ovale, où il a réuni les responsables chargés du dossier.

Plus de 600 000 personnes étaient privées d’électricité vendredi en fin de matinée, selon le gouverneur de Floride, Rick Scott. Le géant du divertissement Disney a ordonné la fermeture de tous ses parcs d’attraction dans l’Etat jusqu’à vendredi inclus.

Plus de 3 500 militaires de la garde nationale ont été mobilisés ; 4 000 sont en réserve. La gouverneure de Caroline du Sud, Nikki Haley, a demandé aux habitants de se trouver à au moins 150 km du littoral.

  • Haïti dévastée

Dans la ville de Jeremie, dont 80 % des bâtiments ont été détruits selon l’ONG Care. | LOGAN ABASSI / AFP

Les bilans sont encore incertains et partiels : le bilan officiel, mais provisoire, du ministère de l’intérieur, fait pour l’heure état de 271 morts. Mais le sénateur Hervé Fourcand a fait état d’« au moins 400 morts », tout en sachant que plusieurs communes restaient inaccessibles. Beaucoup de zones sont encore très difficiles d’accès et tous les chiffres n’ont pas encore été centralisés par les autorités.

Le pays est très vulnérable aux intempéries en raison de l’importante déforestation. L’ouragan a frappé mardi principalement. Les vents et les pluies ont inondé des milliers de maisons, endommagé des écoles, détruit d’importantes surfaces agricoles, des entreprises, des routes et des ponts.

Plus de 29 000 maisons ont été détruites rien que dans le Sud. Quelque 80 % des bâtiments de Jérémie, capitale du département méridional de Grand’Anse comptant environ 30 000 habitants, ont été rasés, selon Jean-Michel Vigreux, directeur de l’ONG Care Haïti :

Plus de 21 000 personnes ont été évacuées et 350 000 ont besoin d’assistance, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

Avec les inondations, les autorités et plusieurs ONG redoutent une forte recrudescence des cas de choléra. Les priorités sont « l’approvisionnement en eau potable » et « les opérations d’assainissement » de l’eau, explique l’ONG Acted, présente dans le sud-ouest de l’île.

Le passage de la tempête a aussi forcé un nouveau report des élections présidentielle et législatives partielles prévues dimanche.

  • Assistance des Etats-Unis et de la France

Les Etats-Unis ont envoyé vendredi le navire de transport militaire USS Mesa Verde, avec 300 marines à bord, pour participer aux opérations d’assistance. Ce navire va venir renforcer le dispositif d’assistance des militaires américains, qui compte pour l’instant 250 hommes et 9 hélicoptères déployés sur l’île.

De son côté, la France va envoyer en Haïti « 60 militaires de la sécurité civile », « 32 tonnes de matériel dont deux stations de purification de l’eau », ainsi que deux officiers supérieurs de sapeurs-pompiers, a annoncé l’Elysée, estimant que « le plus urgent est maintenant de fournir de l’eau potable à la population et de prévenir les risques sanitaires ».

Ouragan Matthew : « Haïti risque une nouvelle épidémie de choléra »
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