Bernard Cazeneuve le 4 septembre à La Rochelle. | XAVIER LEOTY / AFP

Pas question de transmettre les noms des fichés S aux maires des communes où ils résident. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, interrogé par Le Journal du dimanche du 9 octobre, a opposé une fin de non-recevoir aux élus qui les réclament, invoquant confidentialité des enquêtes. Le 5 octobre, Hervé Maurey, sénateur UDI de l’Eure avait déposé une proposition de loi allant dans ce sens, au nom « d’une aspiration légitime des élus à renforcer la sécurité publique, une des missions premières de leur fonction ».

Les fichés S (pour « sûreté de l’Etat ») « sont surveillés et non judiciarisés, ce qui indique que leur dangerosité n’est pas avérée », et « la communication d’une fiche S est impossible » pour des raisons juridiques, souligne M. Cazeneuve, ajoutant : « Cette confidentialité est aussi la condition de l’aboutissement des enquêtes ».

Reste que le ministre reconnaît qu’il faut « trouver un dispositif qui permette d’associer les maires au processus de prévention et de déradicalisation », revendication de nombre d’élus. Un exercice délicat car il ne faut pas qu’il « obère (…) l’efficacité des services de renseignement » rappelle-t-il.

Le placement en rétention « inefficace »

M. Cazeneuve estime par ailleurs que les « efforts paient » dans la lutte antiterroriste. « On estime à moins d’une vingtaine le nombre de ceux qui ont réussi à quitter notre pays depuis le début de l’année », affirme le ministre, évoquant également évoquant l’arrestation de 355 personnes en lien avec des réseaux terroristes depuis janvier. Actuellement, « 17 mineurs combattants » français en zone irako-syrienne sont recensés, ajoute le ministre.

Répondant directement à la proposition de Nicolas Sarkozy d’organiser un référendum sur « la mise en internement administratif des fichés S les plus dangereux », le ministre de l’intérieur rappelle que : « vouloir placer en détention des individus qui n’ont commis aucun crime au seul motif qu’ils ont retenu l’attention des services, c’est inefficace et contraire à la Constitution » et aux « valeurs de la République ».

Il dénonce enfin l’attitude de certains à droite sur l’accueil des migrants. « Quand des présidents de région invitent la population à se révolter contre les préfets pour que des migrants relevant de l’asile – c’est le cas de 80 % des gens de Calais – ne soient pas accueillis dans des conditions dignes, et qu’en même temps ils demandent le démantèlement de la jungle de Calais, ils ne sont pas seulement démagogues, ils sont surtout irresponsables », accuse-t-il.