Donald Trump salue ses supporteurs, le 8 octobre à New York City. | SPENCER PLATT / AFP

A un mois de l’élection présidentielle, une guerre s’est ouverte au sein du Parti républicain. Elle oppose le candidat Donald Trump, affaibli par la diffusion, vendredi 7 octobre, d’une vidéo datant de 2005 dans laquelle il tient des propos obscènes sur les femmes, à une bonne partie des cadres du Grand Old Party (GOP) qui jugent que le milliardaire constitue désormais un handicap insurmontable à la veille d’élections cruciales qui concernent, outre la Maison Blanche, le contrôle du Congrès.

Après quelques heures de saisissement, les voix n’ont cessé de s’élever, samedi, pour demander que le magnat de l’immobilier se retire de la course présidentielle. Deux anciens candidats républicains à la présidence, le sénateur de l’Arizona John McCain et Mitt Romney, ou encore l’ancienne secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, restée silencieuse jusqu’à présent, ont indiqué qu’ils ne voteraient pas pour M. Trump dans un peu plus de quatre semaines.

Des élus du Sénat et de la Chambre des représentants leur ont emboîté le pas. Parmi ces voix dissidentes, on note la présence de nombreuses femmes : les sénatrices Kelly Ayotte (New Hampshire) et Shelley Moore Capito (Virginie Occidentale), ainsi que les représentantes Mia Love (Utah), la très conservatrice Martha Roby (Alabama), Barbara Comstock (Virginie) et Ann Wagner (Missouri).

Donald Trump ne renoncera pas

Tout se passe comme si ces cadres républicains considéraient désormais que la Maison Blanche est hors d’atteinte et que le GOP se doit de concentrer ses forces sur la défense de ses majorités au Sénat et à la Chambre des représentants.

L’hypothèse d’un remaniement du « ticket » républicain, s’il n’est pas impossible d’un point de vue technique, pose en effet autant de problèmes que de solutions, d’autant que le vote anticipé a déjà commencé dans certains Etats.

Après avoir multiplié les mea culpa, dans les heures qui ont suivi la diffusion de la vidéo, Donald Trump a riposté en assurant qu’il ne renoncerait sous aucun prétexte. Il a ironisé sur « ces très intéressantes dernières vingt-quatre heures », dans un message publié sur son compte Twitter, puis dénoncé par le même canal « les médias et l’établissement veulent me voir en dehors de la course ». Pour dissiper toutes illusions, M. Trump a ajouté, à grand renfort de lettres capitales : « JE N’ABANDONNERAI JAMAIS, JE NE LAISSERAI JAMAIS TOMBER MES SUPPORTEURS ».

Un candidat affaibli comme jamais

Après de longues heures de silence, son colistier Mike Pence a réagi dans la journée de samedi. « En tant qu’époux et père, j’ai été outré par les propos et les actions décrites par Donald Trump dans cette vidéo datant de onze ans. Je ne cautionne pas ses déclarations et je ne peux pas les défendre », a assuré le gouverneur de l’Indiana dans un communiqué. Restant sourd aux appels à quitter le milliardaire pour offrir une alternative, ce dernier a décidé de poursuivre la campagne comme colistier du milliardaire.

En dépit du scandale qu’il a créé, M. Trump conserve un important pouvoir de nuisance au sein du Parti républicain. Le « speaker » (président) de la chambre des représentants, Paul Ryan, a pu le mesurer à ses dépens, samedi, lorsqu’il a été hué lors d’un meeting dans son Etat du Wisconsin pour lequel il avait refusé d’apparaître aux côtés du magnat de l’immobilier, qui avait finalement renoncé à s’y rendre.

L’homme d’affaires devait convaincre dimanche à l’occasion du deuxième débat présidentiel pour effacer les nouvelles embardées d’une campagne consécutives à un premier échange dominé, le 26 septembre, par son adversaire démocrate, Hillary Clinton. Mais c’est un candidat affaibli comme jamais qui va pénétrer en début de soirée dans l’enceinte de la Washington Université de Saint Louis, dans le Missouri.