La police a sécurisé les abords de la résidence, située à Chemnitz, dans l’Est de l’Allemagne. | HENDRIK SCHMIDT / AFP

La police allemande a arrêté, dans la nuit de dimanche 9 à lundi 10 octobre, Jaber Albakr, un Syrien de 22 ans soupçonné de préparer un « attentat islamiste » avec l’aide de trois de ses compatriotes. « Nous sommes fatigués mais très heureux : nous avons capturé le terroriste présumé, cette nuit, à Leipzig », a annoncé la police du Land de Saxe sur Twitter.

  • Un homme probablement lié à l’Etat islamique

Jaber Albakr est probablement lié à l’organisation Etat islamique (EI), a dit, lundi après-midi, le chef de la police de la région de Saxe, Jörg Michaelis. « Le mode opératoire et le comportement du suspect laissent penser pour le moment qu’on se trouve dans le contexte de l’Etat islamique », a-t-il déclaré.

Transféré à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg), Jabel Albakr va maintenant être entendu par le parquet fédéral, selon lequel « tout indique qu’[il] avait l’intention de commettre un attentat islamiste ».

  • Des explosifs découverts dans son appartement

Les enquêteurs ont également découvert dans l’appartement occupé par le suspect à Chemnitz une importante quantité d’explosifs. Selon plusieurs médias, il s’agit de 500 grammes de TATP, la substance prisée des terroristes de l’organisation Etat islamique.

M. Michaelis a précisé que les explosifs étaient « presque prêts » à être utilisés, « voire prêts à l’emploi ». Il préparait « probablement une ceinture d’explosif dissimulée dans une veste », a-t-il ajouté. Selon plusieurs médias allemands, un aéroport ou une « plate-forme de transport » étaient visés. L’homme avait également « fait des recherches sur Internet sur la manière de fabriquer des explosifs et il s’était procuré les matériaux nécessaires », a souligné le chef de la police régionale.

  • L’épilogue d’une course-poursuite de deux jours

Tout a commencé vendredi lorsque le renseignement intérieur, qui surveillait Jaber Albakr, a conseillé à la police de Chemnitz, une ville située à 260 km au sud de Berlin, de l’arrêter en raison d’un risque imminent de passage à l’acte. Les forces de l’ordre sont intervenues samedi matin, mais elles l’ont manqué de peu, l’homme parvenant à leur échapper.

C’est finalement grâce à un renseignement lui apprenant que « des compatriotes du suspect le retenaient dans un appartement » que la police a retrouvé le fugitif. Selon plusieurs médias, l’homme était aux abois et s’était résolu à aborder « à reculons » et « la mine décomposée » un autre Syrien en gare de Leipzig pour lui demander un hébergement.

Ce n’est que dimanche soir, lorsque l’avis de recherche des autorités a été publié en arabe sur Internet, que trois Syriens ont compris que l’homme qu’ils logeaient était recherché par toutes les polices du pays, a expliqué la police. Avec l’aide d’un colocataire, de même nationalité que lui, ils l’auraient alors ligoté avant que l’un d’eux se rende dans un commissariat pour dénoncer le suspect en apportant aux policiers une photo prise sur un téléphone portable, a ajouté la police.

La chancelière Angela Merkel, par la voix d’une porte-parole, a exprimé lundi sa « gratitude à l’égard du Syrien qui a informé la police sur la présence du suspect et apporté ainsi une contribution décisive à son arrestation ».

  • Réfugié depuis février 2015 en Allemagne

Né le 10 janvier 1994 près de Damas, Jaber Albakr avait déclaré sa présence en Allemagne le 18 février 2015 et y a été reconnu comme réfugié quatre mois plus tard. Dès que son identité a été révélée, samedi, de nombreux messages ont été postés sur les réseaux sociaux pour dénoncer la politique du gouvernement à l’égard des réfugiés et pour faire le lien entre l’immigration et le danger terroriste.

Cela avait été déjà le cas à la fin de juillet, après les attentats commis par de jeunes réfugiés en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg, puis à la mi-septembre, après l’arrestation, dans des foyers de demandeurs d’asile près de Hambourg et Lübeck, de trois hommes soupçonnés d’avoir fait allégeance à l’organisation EI.

Un dirigeant du syndicat de policiers BDK, Sebastian Fiedler, a toutefois souligné que l’arrestation du suspect par d’autres Syriens devait précisément conduire à éviter les amalgames contre les migrants. « C’est un signal très positif qui montre que tous ne doivent pas être soupçonnés. »

  • Un complice présumé également arrêté

Dimanche, un complice présumé a également été inculpé et placé en détention. Faute de pouvoir mettre la main dans l’immédiat sur Jabel Albakr, les enquêteurs s’étaient concentrés sur son entourage.

Egalement syrien, cet homme « est soupçonné de complicité » dans « la préparation d’un attentat », a rapporté à l’Agence France-Presse un porte-parole de la police locale. Il avait été interpellé la veille pour vérifications et s’est révélé être « le locataire en titre » de l’appartement de Chemnitz, a-t-il ajouté.