Le leader républicain a indiqué que désormais Donald Trump ne pourra plus compter sur le soutien du parti et que lui ne soutiendra ni Trump, ni sa campagne dans la période cruciale du dernier mois précédant l’élection. | MANDEL NGAN / AFP

Il souffle comme un vent de panique au sein du Parti républicain, le Grand Old Party (GOP). Après un week-end tumultueux commencé par une vidéo de 2005 dans laquelle Donald Trump tient des propos obscènes et couronné par un débat jugé par la presse américaine comme « le plus affreux de l’histoire politique » des Etats-Unis, Paul Ryan, le chef de file de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, prend ses distances avec le candidat républicain à l’élection présidentielle.

Le leader républicain a dit que désormais Donald Trump ne pourrait plus compter sur le soutien du parti et que lui ne soutiendrait ni M. Trump ni sa campagne dans la période cruciale du dernier mois précédant l’élection.

Ce à quoi Donald Trump a immédiatement répondu sur Twitter que Paul Ryan « devrait passer plus de temps à équilibrer le budget, les emplois et l’immigration illégale, et ne pas perdre son temps à combattre un candidat républicain ».

Conférence téléphonique d’urgence

A ceux qui se demandaient si Donald Trump avait réussi à enrayer la progression de Hillary Clinton, Paul Ryan a apporté un élément de réponse. Il a convoqué une conférence téléphonique d’urgence avec des élus du parti pour leur donner de nouvelles directives : il s’agit désormais de sauver ce qui peut encore l’être, à savoir la majorité dont bénéficie le GOP à la Chambre des représentants et au Sénat.

Le chef des républicains n’est pas allé jusqu’à dire qu’il considérait la présidentielle comme perdue, mais le mot d’ordre est désormais de ne pas offrir un « chèque en blanc » à Hillary Clinton si elle succède à Barack Obama à la Maison Blanche. « Tout ce que vous avez à faire, c’est de faire de votre mieux dans votre circonscription » a lancé aux élus Paul Ryan. Au cours du seul mois d’octobre, M. Ryan fera campagne dans dix-sept Etats et quarante-deux villes.

Un sondage NBC/WSJ mené après la diffusion de l’enregistrement de Donald Trump en 2005 révèle que Hillary Clinton devance désormais son concurrent de 11 points dans une configuration à quatre candidats (Hillary Clinton à 46 %, Donald Trump à 35 %, Gary Johnson à 9 %, Jill Stein à 2 %) et de 14 % dans le face-à-face avec M. Trump (Mme Clinton 52 %, le candidat républicain à 38 %).

Décalage entre la direction du Parti et sa base

Vendredi, M. Ryan avait déjà condamné les propos vulgaires du candidat républicain à la Maison Blanche sur les femmes, se disant « écœuré » par les propos tenus par M. Trump en 2005. Près de la moitié des 332 sénateurs, représentants et gouverneurs républicains actuellement en place ont condamné les propos tenus par l’homme d’affaires dans cet enregistrement. Environ un dixième de ces élus (selon un calcul de Reuters) ont appelé à son retrait de l’élection présidentielle. Pour The National Review, les propos de Paul Ryan sur M. Trump ouvrent la porte à d’autres défections au sein du GOP.

Mais lors d’un meeting samedi dans le Wisconsin, M. Ryan, qui avait demandé à M. Trump de ne pas venir après la diffusion de la vidéo, a été chahuté par les partisans de M. Trump. « Vous feriez mieux de soutenir Trump ! ont-ils crié. Vous lui avez tourné le dos. Honte à vous ! »

Semblant craindre des représailles du candidat, le leader républicain a toutefois nuancé ses propos en précisant qu’il ne revenait pas sur son « endorsement », en français son engagement personnel en faveur du candidat.

Le Parti républicain est condamné à endurer le supplice avec Donald Trump jusqu’au 8 novembre : il serait très difficile de remplacer le candidat intronisé lors de la convention de Cleveland, que ce soit par Mike Pence, son colistier actuel, ou par quelqu’un d’autre.