Les Néerlandais Quincy Promes et  Vincent Janssen. | EMMANUEL DUNAND / AFP

Les traits tirés, Danny Blind s’est montré particulièrement ambitieux avant la réception de l’équipe de France à l’Amsterdam Arena, lundi 10 octobre, dans le cadre des éliminatoires au Mondial russe de 2018. « Je ne pense qu’à la victoire, a assuré le sélectionneur des Pays-Bas devant un parterre de journalistes sceptiques. Nous pouvons évidemment le faire. La France a aussi ses faiblesses. Les Bleus laissent beaucoup d’espaces et nous pouvons en profiter. »

Dans son « antre », le patron des Oranje, 55 ans, aborde pourtant l’un des matchs les plus cruciaux de son mandat. Une joute anxiogène qui s’apparente à la finale de ce groupe A qualificatif pour le prochain tournoi planétaire. D’autant que les Bleus et les Néerlandais comptent le même nombre de points (4) après deux rencontres. Nommé en remplacement du vétéran Guus Hiddink, en juillet 2015, Danny Blind est l’homme qui doit reconstruire une sélection en plein changement de cycle, reléguée au 24e rang du classement FIFA.

Troisièmes du Mondial 2014 au Brésil, capables alors d’étriller (5-1) l’Espagne et le Brésil (3-0), les Oranje ont, entre temps, échoué à se qualifier pour l’Euro 2016, organisé dans l’Hexagone. Et la génération incarnée par le trident offensif composé d’Arjen Robben (actuellement confronté à une litanie de blessures), de Robin van Persie et de Wesley Sneijder a laissé place à une nouvelle vague qui tarde à s’affirmer.

« Avec notre troisième place à la Coupe du monde 2014, on s’est vus plus beaux qu’on était, a récemment déclaré dans les colonnes de l'Equipe l’ex-défenseur néerlandais Ruud Krol, finaliste du Mondial 1974 aux côtés de la légende Johan Cruyff, mort en mars, puis du finaliste du Mondial 1978. On aurait dû tirer des leçons de l’Euro 2012 [élimination au premier tour]. On ne l’a pas fait. Après le départ de Van Gaal à l’été 2014, les changements d’hommes et de tactique, il y a peut-être eu une période de confusion. Les mauvais résultats se sont enchaînés et ils n’ont pas pu redresser la barre. »

Trou générationnel

Confronté à un trou générationnel, Danny Blind, qui fut capitaine de l’Ajax Amsterdam (1986-1999) et de la sélection (1986-1996) , a pourtant réussi l’entame de cette campagne qualificative pour la Russie. Solides, les Oranje ont ainsi décroché un nul (1-1) en Suède et une victoire (4-1) contre la Biélorussie. Ancien adjoint de Louis van Gaal et de Guus Hiddink, Blind est à la tête d’un groupe très jeune, encadré par son éternel capitaine Wesley Sneijder (forfait contre les Bleus), 32 ans, et son gardien expérimenté Maarten Stekelenburg, titulaire lors de la finale du Mondial 2010 perdue (1-0 après prolongations) par les Pays-Bas contre l’Espagne.

Le sélectionneur néerlandais Danny Blind supervise l’entraînement de sa formation, le 4 octobre. | REMKO DE WAAL / AFP

Le technicien peut s’appuyer sur quelques valeurs sûres, tels son fils Daley Blind, qui évolue à Manchester United sous les ordres de José Mourinho, le milieu de l’AS Roman Kevin Strootman ou celui de Liverpool Georginio Wijnaldum. Les Hollandais comptent aussi dans leurs rangs plusieurs étoiles montantes comme l’attaquant du Spartak Moscou Quincy Promes (24 ans), le meneur de jeu de l’Ajax Davy Klaassen (23 ans) ou Vincent Janssen (22 ans), meilleur buteur du championnat néerlandais (27 réalisations) avec l’AZ Alkmaar la saison dernière et nouvelle recrue de Tottenham.

« Un vrai test pour nous »

Conscients de la phase critique que traverse leur sélection, les dirigeants de la KNVB (Koninklijke Nederlandse Voetbal Bond, Fédération des Pays-Bas de football ) ont publié en mai un rapport intitulé les « Vainqueurs de demain ». Ce document rompait avec le traditionnel « football total » de l’ère Cruyff en mettant l’accent sur des aspects plus athlétiques et défensifs. Les dignitaires de la KNVB préconisaient notamment d’améliorer la formation des entraîneurs et des joueurs et d’étendre la détection. « Le match face à la France sera un vrai test pour nous. Nous verrons », glisse au Monde Michael van Praag, président de la Fédération néerlandaise depuis 2008 et ancien président de l’Ajax Amsterdam (1989-2003).

Le dirigeant garde en tête la défaite (3-2) concédée par sa sélection face aux Bleus, le 25 mars, en amical, à l’Amsterdam Arena. Ce soir-là, les hommes de Danny Blind avaient été nettement dominés par Antoine Griezmann et consorts. En conférence de presse, Didier Deschamps a volontairement éludé la prestation livrée en mars par ses joueurs. Le Basque a préféré se focaliser sur les progrès réalisés par les Oranje depuis sept mois.

« Cette équipe a été rajeunie et compte des joueurs de qualité. Elle aime avoir le ballon, attaquer, construire et elle a des joueurs pour produire ce football-là, a insisté le patron des Bleus, qui retrouvera les Pays-Bas sur sa route le 31 août 2017, au Stade de France, pour la seconde manche. Le secteur offensif peut créer du danger. Il veut avoir le ballon et faire des attaques placées. » Bien que favoris sur le papier, les Français sont avertis.