Nicolas Sarkozy, au Zénith de Paris, le 9 octobre 2016. | MIGUEL MEDINA / AFP

Il en est devenu un fervent adepte, après en avoir dit le plus grand mal. En difficulté à un mois et demi de la primaire à droite, Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi 7 octobre, sur France 2, sa volonté de recourir au référendum s’il revenait à l’Elysée, afin de faire valider la suspension du regroupement familial et la mise en rétention administrative des personnes fichées « S ». « Je solliciterai l’avis des Français par référendum, parce que ça sera à vous de décider et à personne d’autre », a-t-il lancé dimanche, au Zénith de Paris, en invoquant l’héritage de Charles de Gaulle pour justifier la tenue de cette double consultation le jour du second tour des législatives de 2017.

Il fut pourtant un temps où M. Sarkozy se montrait opposé à l’idée d’utiliser cet instrument de démocratie directe. « Croyez-vous que, si je suis élu, je vais aussitôt dire aux Français : “Excusez-moi, j’ai besoin de vous demander votre avis sur un autre sujet ?” », demandait-il ainsi pendant la campagne présidentielle, en mars 2007, dans un entretien à L’Express.

Dans son esprit, le choix des Français à la présidentielle suffisait à conférer au nouveau chef de l’Etat la légitimité nécessaire pour réformer. Le candidat UMP voulait alors s’opposer au concept de démocratie participative, prôné par sa principale adversaire, la socialiste Ségolène Royal. Mettant en avant son volontarisme, M. Sarkozy voyait dans cette volonté de consulter le peuple « la fin de la politique qui prend ses responsabilités (…) et la forme ultime de la démagogie ».

Généraliser la pratique

Une fois au pouvoir, le nouveau président avait théorisé son opposition à la pratique référendaire. Plaidant pour « une revalorisation des droits du Parlement » et pour « un président » qui « gouverne », M. Sarkozy avait déclaré le 12 juillet 2007, lors d’un de ses premiers discours de chef de l’Etat à Epinal, consacré aux institutions : « Il y a bien sûr le référendum, que le Général de Gaulle concevait comme une question de confiance posée aux Français par le chef de l’Etat, et dont Jacques Chirac a élargi le champ. Mais il me semble que le référendum ne remplit plus ce rôle et que cela ne suffit pas. » Pendant son quinquennat, aucun référendum n’a été organisé.

Cinq ans plus tard, changement de pied complet : à partir de la campagne de 2012, M. Sarkozy promettra d’en généraliser la pratique. Dimanche, il a raillé ceux « qui s’étranglent d’indignation à l’idée que l’on puisse solliciter directement le peuple ». Avant d’affirmer : « Je ne suis décidément pas des leurs. » Ce fut pourtant le cas dans le passé.