Nicolas Sarkozy : le vélo sportif

Lorsque Nicolas Sarkozy pédale, c’est pas dans du beurre. L’ex-président est un sportif, un winner. Et il veut que ça se sache. Sur son site de campagne, il affiche fièrement ses performances. En un an, le chef des Républicains aurait parcouru 1 560 km à vélo, soit 3 km par jour, rien que ça.

Nicolas Sarkozy en vélo près de la maison de la famille Bruni-Tedeschi dans «Cap Negre, ’Cavalière, en France, le 1er Août 2008. | ABACA

Un emblème du dépassement de soi. L’ex-chef de l’Etat pédale en montagne, enchaîne les dénivelés, cloue sur place ses gardes du corps. « Moi, je suis un grimpeur. Les policiers qui me rejoignent en août s’entraînent en juillet », affirmait-il au Parisien Magazine en juillet 2015. Qu’importe si les performances sont raillées. « A ce rythme-là, il est soit dopé, soit mytho », s’esclaffait le site L’humour de droite après avoir analysé les statistiques publiées par le candidat à la primaire à droite.

Nicolas Sarkozy aime sincèrement le Tour de France et ses vainqueurs, et n’hésite pas à encenser les prouesses de Lance Armstrong, dont les sept victoires ont pourtant été invalidées pour cause de dopage avéré.

Sur sa monture, Sarkozy souffre, serre les dents, arbore le visage dévasté de douleur des coureurs professionnels. Un quidam l’encourage-t-il sur la route pentue d’un col difficile ? Il répond d’un simple signe de la main, car il ne voudrait pas gaspiller son souffle.
Pour pédaler, l’ex-chef d’Etat, qui possède un vélo à son nom, arbore un short en Lycra et un sobre maillot synthétique, comme les vrais sportifs. En revanche, même s’il dévale les pentes encore plus vite qu’il ne les monte, il ne s’encombre pas d’un casque, qui le rendrait méconnaissable.

Sa référence, c’est la compétition, et son message : « Elisez-moi, je suis le meilleur ». Le vélo de ville, en tout cas, ce n’est pas son truc. Il n’en parle jamais.

Alain Juppé : la bicyclette urbaine

Alain Juppé arrive avec son vélo lors d’une conférence de presse tenue à Bordeaux  le 23 Septembre 2004. | Bernard Patrick/ABACA

Quand Alain Juppé enfourche une bicyclette, c’est pour se déplacer. L’édile pédale volontiers dans Bordeaux, pour faire quelques courses ou, les dimanches d’élection, se rendre au bureau de vote. On l’aperçoit en balade au bord du lac d’Hossegor (Landes), où il possède une résidence secondaire.

L’ex-premier ministre pédale comme il est, en chemise et costume, avec ou sans cravate, parfois une pince à vélo autour de la cheville, toujours sans casque. En selle, il se laisse interpeller par ses administrés, répond aux saluts par un mot choisi. Alain Juppé a parfaitement compris qu’à bicyclette, on ne fait pas son âge. L’accessoire lui permet de paraître jeune et dynamique, mais aussi accessible, proche des gens. Aux antipodes de l’énarque crispé qu’il a incarné pendant des années.

Un moyen de mettre son bilan en avant. En 1995, le centre de la capitale de l’Aquitaine était embouteillé et morcelé par des boulevards encombrés. Les trois lignes de tramway, inaugurées dès son premier mandat, ainsi que la piétonisation des rues commerçantes, ont transformé la ville en « capitale du vélo ». Même si le « vélo urbain du futur » que le maire de Bordeaux avait promis aux Bordelais, le Pibal, n’a pas roulé longtemps : distribué à 300 exemplaires en 2014, il a été rappelé pour un défaut technique en 2015.

Mais sa contribution principale au retour de la bicyclette en ville est bien involontaire : à l’automne 1995, les grèves contre le « plan Juppé », qui prévoyait des réformes de la Sécurité sociale et des retraites, paralysent la France. A Paris, on croise encore des cyclistes qui datent de cette longue galère leur conversion au vélo.

Sa référence, c’est la smart city, et son message : « Elisez-moi, je suis compétent ». Le vélo sportif, en tout cas, ce n’est pas son truc. Il n’en parle jamais.