La rue intérieure du campus Saint-Paul de l’université catholique de Lyon, le 27 septembre. | BRUNO AMSELLEM POUR "LE MONDE"

Six mille étudiants viennent de faire leur rentrée à l’université catholique de Lyon (UCLY), la deuxième sur son campus flambant neuf de Saint-Paul, bâti sur l’ancienne prison désaffectée. Des murs de verre entourent désormais l’édifice. Traversé par des coursives, le vaste ensemble lumineux ne garde que quelques stigmates symboliques de son passé carcéral. Comme ce bâtiment en étoile, au centre duquel se situait le poste de garde central et qui distribue les couloirs où menaient les anciennes cellules, aujourd’hui des salles de cours et des bureaux : conformément au cahier des charges, 40 % de l’établissement d’origine a été conservé, mais totalement rénové.

La chapelle Sainte-Irénée – dans le bâtiment hérité de la prison – surplombe l’ensemble, et il existe une aumônerie catholique. Mais les étudiants n’ont pas l’impression d’entrer dans une prison, ni dans un couvent : « Je suis athée et mon père est bouddhiste. Au premier abord, je n’ai pas prêté attention au côté catholique, cela ne m’a ni attirée, ni repoussée, témoigne Margot de Suarez d’Aulan, réorientée en droit à l’UCLY après un an de prépa HEC. Maintenant que j’y suis, je ne le sens pas plus que ça. Ce n’est ni omniprésent, ni lourd à supporter : ça reste à sa place. Je trouve même intéressant de parler avec les élèves engagés dans la religion. À aucun moment je ne me suis sentie à l’écart parce que non catholique. »

« Il y a une très bonne ambiance, dit aussi Neil Kearney, élève en deuxième année de l’ESTBB, l’école de biotechnologies interne à l’UCLY. Ce ne sont pas des grosses promotions, tout le monde se parle, on n’a pas d’a priori sur les gens, il y a toutes les religions et on se sent bien. Il n’y a aucune obligation d’ordre religieux, comme aller à la messe, par exemple, même s’il y a écrit catholique sur la façade. »

Proximité

Les jeunes soulignent aussi la relation de proximité avec les enseignants : « On sent que l’on n’est pas anonyme, et si on a un souci on peut aller voir les profs après le cours », témoigne Margot de Suarez d’Aulan. Une proximité qui va de pair avec un haut niveau d’exigence : « En TD, on doit rendre un travail par semaine : si on ne le fait pas, on risque un zéro. On a plus d’entraînement que dans les autres facs », pense-t-elle aussi. « En L1, j’ai eu quelques difficultés, raconte Louis Berthou, 20 ans, étudiant en deuxième année de droit. Je me demandais si le droit était fait pour moi et quelles étaient mes attentes. J’ai été aidé par ma responsable de promotion, qui m’a fait faire un travail sur moi-même, avec un questionnaire et une recherche de mes compétences. Je me suis rendu compte que le projet professionnel que je poursuivais était trop fermé et qu’il me bloquait : j’ai intérêt d’abord à me donner du temps et à réussir ma licence », ajoute-t-il.

À Saint-Paul, l’UCLY dispose de son second campus après celui de l’ex-caserne Carnot, lui aussi tout proche du quartier en réhabilitation de la gare Perrache, tandis que les anciens locaux de la place Bellecour ont été vendus : « On a transformé une caserne et une prison en université, je ne vois pas ce qu’on peut faire de mieux… » sourit Thierry Magnin, le recteur de l’UCLY, physicien et théologien.