Premier acteur européen des infrastructures de cloud computing avec 1 million de clients dans plus de 130 pays, OVH continue de nourrir des desseins supérieurs. Lors du « summit » qu’elle organise mardi 11 octobre à La Plaine Saint-Denis, l’entreprise roubaisienne n’a pas manqué de témoigner de cette ambition.

Avant même ce rendez-vous annuel, le groupe a donné le ton en officialisant, vendredi 7 octobre, un nouveau tour de table avec l’entrée, minoritaire, à son capital, des fonds KKR et TowerBrook Capital Partners à hauteur de 250 millions d’euros. Un apport qui s’inscrit dans un plan d’investissement de 1,5 milliard d’euros dans les cinq années à venir. Le même jour était annoncée la création du premier data center (centre de stockage de données) d’OVH aux Etats-Unis, dans l’Etat de Virginie.

Mardi, OVH a posé les jalons qui doivent lui permettre de franchir de nouvelles étapes dans sa feuille de route. Après l’ouverture de nouveaux data centers à Varsovie, Sydney et Singapour, l’entreprise projette sept autres centres de données d’ici à la fin 2017, aux Etats-Unis (côte ouest), en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Angleterre et aux Pays-Bas. Au terme de son plan de déploiement, OVH disposerait ainsi de 27 data centers dans 11 pays sur trois continents.

La société mise également sur des innovations technologiques pour conquérir de nouveaux marchés, à destination du marché des applications mobiles. Il prend également le virage du cloud hybride, promis par les analystes à un avenir radieux : avec cette solution, des clients pourront interconnecter leurs propres infrastructures, privées, à celles d’OVH, dans un environnement sécurisé. Enfin, il continue à développer de nouvelles garanties de sécurité pour ses clients, argument particulièrement audible, alors que mois après mois de nouveaux cas de vols de données se font jour.

Respect de la souveraineté des données

Cela peut-il suffire à OVH pour s’approcher de ses objectifs ? Les principaux acteurs du secteur viennent renforcer leurs positions sur le marché européen au nom du respect de la souveraineté des données attendues par leur client. Ainsi, le 29 septembre, AWS, la branche cloud d’Amazon, annonçait l’installation de data centers en France, imitée moins d’une semaine plus tard par Microsoft.

Pour autant, Laurent Allard, le directeur général d’OVH, reste persuadé qu’OVH a sa carte à jouer avec sa gamme de solutions spécialisées :

« Notre objectif, c’est d’abord d’avoir une solution à apporter à nos clients au plus près de leurs besoins. Puis de les aider à développer leur business et les accompagner dans leur développement à l’international. Et ce, avec des tarifs volontairement agressifs. »

En termes de revenus, si l’expansion géographique vise, bien sûr, à conquérir de nouveaux clients, elle n’est pas destinée à court terme à changer radicalement la feuille de route d’OVH.

« Notre stratégie d’expansion internationale – aux Etats-Unis qui sont un marché stratégique, et dans le reste du monde où nous semons les premières graines – répond également à une demande de nos clients qui veulent avoir leurs données stockées au plus près d’eux. Mais le cœur de notre activité reste européen et notre premier objectif est de le consolider. ».

Selon Henry Peyret, analyste chez Forrester, cette multiplication d’annonce illustre bien la bataille qui se joue actuellement entre les acteurs du cloud.

« On est dans une phase de grande croissance du marché et l’enjeu pour les acteurs est de conquérir un maximum de parts de marchés. A ce jeu-là, AWS et Azure tentent d’écraser le marché à coups d’investissements colossaux, et en cassant les prix, quitte à ne dégager qu’une marge opérationnelle ridicule. Le pari qui est fait, c’est que, quand le marché sera consolidé, dans cinq ans, les prix et les marges remonteront. »

Une consolidation qui se fera au détriment des acteurs qui n’auront pas réussi à rester dans le peloton de tête. La question qui se pose donc à l’avenir à OVH est de savoir s’il fera partie des acheteurs ou des achetés.