Prières pour le roi Bhumibol Adulyadej devant l’hôpital Siriraj de Bangkok, mardi 11 octobre. | MUNIR UZ ZAMAN / AFP

Vêtus d’un rose de bon augure, arborant son portrait, les sujets du roi de Thaïlande se sont massés, mercredi 12 octobre, aux abords de l’hôpital Siriraj de Bangkok, où les nouvelles concernant la santé du souverain ne sont pas bonnes.

A 88 ans, dont soixante-dix sur le trône, Rama IX est le souverain qui règne depuis le plus longtemps au monde. La plupart des Thaïlandais n’ont connu que lui à la tête du royaume, et, même si l’exercice du pouvoir revient au premier ministre et à son gouvernement, son entourage a travaillé à lui bâtir un statut quasi divin. Bhumibol Adulyadej était déjà hospitalisé presque en permanence ces dernières années, mais les communiqués du palais insistaient plutôt sur les améliorations. Ce n’est plus le cas.

Déjà, dimanche 9 octobre, un communiqué faisait savoir que le roi avait été placé sous assistance respiratoire après une chute de sa tension artérielle à la suite de soins devant le préparer à une dialyse, et que son état n’était « pas stable ». Mercredi soir, le palais a fait savoir que sa pression artérielle avait chuté, que sa respiration s’était accélérée et que son foie ne fonctionnait plus correctement. Des tests sanguins montrent des signes d’infection. Il est simultanément sous assistance respiratoire et sous thérapie de remplacement rénal.

« Le roi est notre cœur »

Ses quatre enfants, trois filles et un fils, se sont rendus à son chevet mercredi. Le prince héritier, Maha Vajiralongkorn, 64 ans, est rentré de Munich, où il passe une bonne partie de son temps avec sa compagne. S’il est promis au trône, le prince est loin de jouir de la même popularité que son père, et ses frasques passées suscitent des questions quant à sa fiabilité, même si la famille royale est un sujet tabou.

Le magazine allemand Bild avait publié en juillet des photos de lui à sa descente d’avion en Bavière, vêtu d’un accoutrement peu digne de son rang : un jean porté particulièrement bas sur les hanches et un débardeur laissant apparaître l’essentiel de son ventre et ses tatouages.

Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien se sont multipliés mercredi sous le mot-clé #LongLiveTheKing. « Je ne sais pas pourquoi je l’aime. Il est notre héros, notre professeur, notre père et notre ROI. Cela, rien ne le changera jamais », écrit une internaute.

« Je veux le voir de nouveau venir saluer le peuple thaï, a confié à l’agence AP Donnapha Kladbupha, une professeur d’anglais de 42 ans qui veillait mercredi devant l’hôpital. Le roi est notre cœur. Sans cœur, nous ne pouvons pas survivre. »

Signe de l’incertitude actuelle, le principal indice boursier du pays a chuté de 6,5 % depuis le début de semaine.

Le premier ministre, Prayuth Chan-ocha, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en mai 2014, est rentré en urgence d’une visite dans la province côtière de Chonburi et a également annulé un déplacement au Laos. Il a rencontré dans la foulée le prince héritier pour ce qu’un porte-parole a présenté comme une simple « présentation de routine de l’avancée des travaux du gouvernement ».