Lors de la présentation de la nouvelle stratégie de Gameloft, mercredi 12 octobre, à Paris. | ERIC PIERMONT / AFP

C’est un message résolument positif qu’a voulu délivrer Vivendi suite au rachat de Gameloft cet été. « Nous n’avons eu que des bonnes surprises, que l’on parle de la qualité des équipes ou des studios », a lancé Stéphane Roussel, membre du directoire de Vivendi, propulsé PDG de l’éditeur de jeux mobiles le 29 septembre. En évoquant le sort heureux de Gameloft, le dirigeant s’adressait ainsi indirectement aux salariés d’Ubisoft, société également créée par les frères Guillemot, qui vit sous la menace d’une reprise de Vivendi, devenu son premier actionnaire.

Ainsi, Stéphane Roussel a affirmé être le seul membre de Vivendi à s’être invité au comité exécutif. Il a préféré promouvoir des vétérans de Gameloft. « Avec Vivendi, nous allons franchir une deuxième étape. Les équipes adhèrent pleinement au projet », s’est félicité Alexandre de Rochefort, arrivé il y a seize ans, et propulsé secrétaire général de Gameloft.

L’arrivée de Vivendi n’a donc pas fait fuir les créatifs, a tenu à rassurer Frédéric Roussel. Seuls douze dirigeants sont partis. Ainsi, « 18 de nos 20 chefs de studios sont restés », s’est félicité Stéphane Roussel, qui en a profité pour dénoncer les parachutes dorés que se sont accordés les partants.

Principale mesure depuis l’arrivée de Vivendi, la modification du processus de production. « Il manquait du temps aux équipes pour qu’elles trouvent le jeu qui fait la différence », a dit le nouveau PDG. Un concours interne incitant les équipes à proposer les jeux qu’elles aimeraient développer a été lancé. « Nous avons reçu 70 projets. Nous allons les étudier, et, si nous trouvons vraiment celui dans lequel on croit, on mettra le paquet sur le développement et le marketing », a fait savoir le PDG.

Autre changement, les jeux feront d’abord l’objet d’un « soft launch », qui permet de tester le produit sur une zone réduite avant d’envisager les choses en grand, tandis que les studios seront chargés de leur ligne éditoriale, sans attendre les ordres depuis Paris. « Auparavant, nous étions pressés par la Bourse. En 2015, nous avons lancé en décembre Trivial Pursuit, alors qu’il ne marchait pas », explique Alexandre de Rochefort. Ce temps, c’est d’ailleurs le principal apport matérialisable de Vivendi pour l’instant. « Cette année, on devait sortir une dizaine de jeux, on n’en sortira que quatre, cela va coûter plus de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires. Vivendi nous l’a accordé tout de suite », corrobore le secrétaire général.

En revanche, les « synergies » avec les autres marques du groupe qui ont justifié la montée au capital du groupe de Vincent Bolloré restent encore à démontrer. « Il n’y aura aucune obligation sur rien. On va faire quelque chose sur [l’ours] Paddington, que nous avons racheté, mais ce n’était pas forcé », a dit Stéphane Roussel. Autrement dit, pas question de développer un jeu Hanouna si cela ne se justifie pas.

S’adressant cette fois directement aux salariés d’Ubisoft, Stéphane Roussel s’est voulu rassurant. « Il n’y aura pas d’OPA hostile sur l’éditeur. Nous ne voulons pas de passage en force », a-t-il également dit, assurant qu’il avait tenté de contacter à de multiples reprises le patron et fondateur d’Ubisoft, Yves Guillemot, mais qu’il avait trouvé porte close. Chez Ubisoft, on assure attendre toujours le chiffrage précis des « synergies opérationnelles » que Vivendi pourrait créer avec Ubisoft.