L’ancien ministre et actuel président de l’Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang. | MARTIN BUREAU/AFP

Dario Fo, je l’ai connu bien avant qu’on lui attribue le Nobel, en 1997. Une distinction qui m’a fait grand plaisir, même si elle était assez surprenante car il était moins un homme de l’écrit que de la scène.

Je crois avoir été, comme directeur du Théâtre national de Chaillot, le premier à l’avoir invité en 1974 à venir jouer dans un théâtre français, un de ses opéras bouffes, Misterio Buffo. Chaque jour apportait son lot d’improvisations, c’était passionnant. Il y eut aussi des polémiques, notamment avec le grand critique Michel Cournot qui avait dit haut et fort combien il détestait le spectacle.

Un « citoyen en art »

Ensuite nous sommes restés liés, lui, moi et sa femme Franca Rame, qui est morte en 2013. Nous avions aussi des amis communs dont Bernard Dort. Pour moi il incarnait une Italie en mouvement, en insurrection, tout en se rattachant à la grande tradition de la commedia dell’arte. Dans son pays, il était extrêmement populaire, pas seulement à cause de son théâtre et du Nobel, mais grâce à la télévision. Il avait une stature de géant. Quand il apparaissait sur un plateau ou à l’écran, il se passait immédiatement quelque chose. Il était irrésistible, d’une drôlerie décapante. Plus qu’un poète, plus qu’un dramaturge, plus qu’un comédien, il était un citoyen en art.

Propos recueillis par Josyane Savigneau