Quelles sont les différences entre les programmes d’Alain Juppé, de Nicolas Sarkozy, de Nathalie Kosciusko-Morizet ou de Jean-Frédéric Poisson ? A l’occasion du premier débat de la primaire de la droite sur TF1 et RTL jeudi 13 octobre, Les Décodeurs ont comparé les programmes des sept candidats sur des points précis pour lesquels il était possible de le faire. Voici les sujets qui les séparent.

Sortir des 35 heures dans le privé

37 HEURES, 39 HEURES, PAS DE DURÉE LÉGALE ?

Jean-Frédéric Poisson à part, tous les candidats à la primaire se rejoignent pour revenir sur les 35 heures, mais avec des formules très différentes.

Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et François Fillon sont favorables à ce que la durée du travail soit négociée directement par accord d’entreprise. Alain Juppé n’est pas très éloigné, proposant une durée légale du travail à 39 heures hebdomadaires assortie d’une liberté de négociation en entreprise.

Nicolas Sarkozy partage la logique du maire de Bordeaux, mais avec les 37 heures hebdomadaires comme norme.

Modifier la durée du travail dans le secteur public

35 HEURES, 37 HEURES, 39 HEURES ?

Quid de la fonction publique avec la fin des 35 heures ? Jean-François Copé et François Fillon veulent les mettre au régime des 39 heures hebdomadaires, avec une compensation financière non précisée. Nicolas Sarkozy propose de son côté de les faire passer aux 37 heures, comme le secteur privé.

Alain Juppé est favorable à une hausse de leur temps de travail, sans la chiffrer pour autant. Bruno Le Maire préfère quant à lui laisser les fonctionnaires aux 35 heures, en « encourageant » les heures supplémentaires.

Jean-Frédéric Poisson et NKM n’ont pas détaillé leurs intentions sur ce point à notre connaissance.

Supprimer les régimes spéciaux des retraites

RÉFORMER OU PAS ?

Quatre candidats appellent aujourd’hui à supprimer les régimes spéciaux des retraites, avec des nuances : Bruno Le Maire, François Fillon, Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy.

Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Frédéric Poisson n’ont pas inscrit à leur programme cette mesure particulièrement sensible.

Réformer le droit du sol

LE MAINTENIR, LE LIMITER, LE CONSERVER ?

Le plus radical, Jean-Frédéric Poisson, veut aller jusqu’à mettre en place le droit du sang. Jean-François Copé souhaite lui aussi supprimer le droit du sol.

Pas question d’abandonner ce droit pour Alain Juppé, qui veut le limiter aux personnes dont au moins un des deux parents était en situation régulière au moment de la naissance. Nicolas Sarkozy propose également le restreindre en le transformant en une « présomption de nationalité », qui serait remise en cause si les parents sont en situation irrégulière au moment de la naissance ou si l’intéressé « s’est livré à des activités terroristes ou à des actes de délinquance, des crimes ou des délits ».

A l’inverse, Nathalie Kosciusko-Morizet estime qu’il s’agit d’un droit qui « fait partie de notre histoire et ne saurait être remis en cause ».

Enfin, Jean-François Copé et Bruno Le Maire n’évoquent pas la question dans leur projet à notre connaissance.

Limiter le regroupement familial

LE MAINTENIR, LE LIMITER, LE SUPPRIMER, ORGANISER UN RÉFÉRENDUM ?

Quatre candidats veulent le maintenir en durcissant les conditions d’accès : Alain Juppé, Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet. Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Sarkozy sont moins nuancés : le premier veut purement le supprimer tandis que le second veut le suspendre en attendant la renégociation de Schengen, et propose un référendum sur le sujet.

Rédiger une nouvelle loi sur les signes religieux

INTERDIRE LE BURKINI, LE VOILE, LES SIGNES RELIGIEUX EN ENTREPRISE ?

C’est une vraie ligne de fracture à droite, avec, d’un côté, ceux qui sont favorables à une nouvelle loi sur les signes religieux.

Les plus radicaux sur la question sont Nicolas Sarkozy (qui veut une loi « qui interdise tout signe religieux à l’école, mais également à l’université, dans l’administration et aussi dans les entreprises ») et Jean-François Copé (qui veut interdire le burkini mais aussi les signes religieux « dans un établissement public, à l’ensemble des agents, mais aussi aux usagers »). Bruno Le Maire et François Fillon sont quant à eux favorables à l’interdiction du burkini. Toutes ces mesures seraient pourtant fragiles juridiquement, voire inapplicables.

Et puis de l’autre côté, ceux qui s’y opposent frontalement. « Résistons à la tentation d’exiger des lois de circonstance au fil des polémiques médiatiques », tranche Alain Juppé, tout comme Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Frédéric Poisson.

Réchauffer les relations avec la Russie

LEVER LES SANCTIONS OU NON ?

Pour schématiser, on compte ici deux camps :

  • le camp des pro-Russie, favorables à la levée des sanctions et à un réchauffement des relations : François Fillon, Nicolas Sarkozy et Jean-Frédéric Poisson ;
  • le camp de ceux qui ne proposent rien de tel dans leur programme : Alain Juppé, Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet.

Elargir le non-cumul des mandats

ALLER PLUS LOIN, REVENIR EN ARRIÈRE OU NE RIEN FAIRE ?

Sur le cumul, l’opposition la plus flagrante est celle entre Bruno Le Maire, qui veut aller plus loin en interdisant d’exercer un mandat exécutif local en étant que membre du gouvernement (sur le modèle de ce que fait la gauche actuellement, à l’exception notable de Jean-Yves Le Drian), et Nicolas Sarkozy. L’ancien chef de l’Etat veut en effet détricoter la loi qui impose le non-cumul, par référendum.

Entre les deux, les cinq autres candidats ne semblent pas disposés à faire évoluer la règle.

Faire appel au référendum

UN, DEUX, TROIS, QUATRE RÉFÉRENDUMS ?

L’idée d’organiser un ou plusieurs référendums séduits quatre des sept candidats à la primaire. Bruno Le Maire défend un projet de référendum avec quatre questions pour une réforme de la vie politique, Jean-Frédéric Poisson en souhaite un sur les aides sociales accordées aux étrangers, tandis que François Fillon envisage d’en organiser plusieurs pour « trancher des débats fondamentaux », tout comme Nicolas Sarkozy qui en envisage quatre. Au total, pas moins de treize projets de référendums différents sont sur la table, pas toujours conformes à la Constitution.

Les autres sont moins enthousiastes à cette idée, Jean-François Copé en tête : « Pour moi, le vote d’une grande démocratie, c’est le choix de ses dirigeants », rétorquait-il sur France Inter en juin 2016.

Mettre en place la sélection avant l’entrée à l’université

DONNER LA LIBERTÉ AUX UNIVERSITÉS OU NON ?

Voilà un débat d’éducation qui divise clairement les candidats : Alain Juppé et Bruno Le Maire ont publiquement déclaré y être opposés. Au contraire, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Nicolas Sarkozy sont pour une plus grande liberté sur ce plan. Enfin, nous n’avons pas trouvé de prise de position sur le sujet du côté de François Fillon et Jean-Frédéric Poisson.

Baisser les cotisations salariales

QUI DOIT BÉNÉFICIER DES BAISSES D’IMPÔT ?

Si tous les candidats penchent en faveur d’une baisse de « charges » pour les entreprises, ils ne sont que deux à souhaiter également une réduction des cotisations des salariés, ce qui aurait pour effet de réduire la différence entre le salaire brut et le salaire net : Jean-François Copé à hauteur de 4 milliards et François Fillon à hauteur de 5,5 milliards.

Diminuer l’impôt sur le revenu

FIXER UN TAUX UNIQUE, BAISSER LES PRÉLÈVEMENTS, NE RIEN CHANGER ?

Nathalie Kosciusko-Morizet se distingue de ses rivaux en proposant un impôt à taux unique, qui ne serait donc plus progressif (selon elle, c’est l’ISF qui assurerait cette progressivité, qui deviendrait limitée dans les faits), sans en préciser le taux. Trois autres candidats se sont quant à eux prononcés en faveur d’une baisse d’impôt : - 2 milliards par an pour Alain Juppé, - 5 milliards pour Jean-François Copé, - 7 milliards pour Nicolas Sarkozy. Les autres n’ont pas fait de telle proposition à notre connaissance.

« Sanctuariser » le nucléaire

LE NUCLÉAIRE EST-IL UNE ÉNERGIE D’AVENIR ?

Aucun candidat à la primaire de la droite n’appelle à sortir du nucléaire dans un futur proche. Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet ou encore Bruno Le Maire partagent une ligne qu’on pourrait résumer par « ne pas sortir du nucléaire à moyen terme, mais investir dans les énergies renouvelables pour en réduire sensiblement la part dans la production énergétique française ».

Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy et François Fillon se montrent fermement pro-nucléaire, parlant respectivement dans leurs programmes de « sanctuariser » le nucléaire, de « reprendre l’investissement » dans la filière ou encore de la « consolider ».

Abroger la loi ALUR

SUPPRIMER L’ENCADREMENT DES LOYERS OU NON ?

Trois candidats veulent abroger toute la loi (Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy) ou partie (Bruno Le Maire).

Cette position ne semble pas majoritaire pour l’heure, puisque les quatre autres ne l’évoquent pas à notre connaissance.

Supprimer le principe de précaution

FAUT-IL L’ENLEVER DE LA CONSTITUTION ?

Trois candidats sont pour rayer cette mention de la Constitution : Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire.

A l’inverse, Nathalie Kosciusko-Morizet et Alain Juppé sont défavorables à cette idée.

Augmenter la TVA

20, 21, 23 % ?

Seuls Alain Juppé et Jean-François Copé défendent désormais une hausse du taux normal de la taxe, le premier en le passant de 20 à 21 %, le second souhaitant aller jusqu’à 23 %. Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant mis en place une mesure similaire en fin de quinquennat, rejette aujourd’hui cette idée.