Une vue aérienne du camp de Calais, appelé également la « jungle », le 7 septembre. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Annoncé par François Hollande fin septembre, le démantèlement complet de la lande de Calais devrait intervenir dans les jours, ou semaines, à venir. Estimant que « la “jungle” pose problème », le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) se « félicite » de cette décision de la France, dans un communiqué publié le 14 octobre 2016.

S’il juge cette décision « bienvenue », car il réclame la fermeture du camp depuis sa création au printemps 2015, le HCR met toutefois en garde sur la nécessité d’informer correctement les demandeurs d’asile et de leur fournir un suivi approprié, comme l’a développé pour Le Monde la porte-parole du haut-commissariat à Paris, Céline Schmitt.

Le HCR sera-t-il présent dans la « jungle » pour le démantèlement ?

Je ne sais pas exactement quand le démantèlement va commencer, mais nous allons être sur place à Calais dans la semaine qui vient, oui. Notre travail là-bas a déjà démarré, nous avons une équipe renforcée dans le cadre du démantèlement. En tout il y aura quatre personnes du HCR. Depuis février, nous avions un administrateur de protection en permanence. Plus récemment, nous avons aussi une collègue sur place qui parle le dari [la forme du persan parlée en Afghanistan], une autre qui parle arabe, et nous espérons bientôt avoir une personne qui parle tigrigna [langue officielle de l’Erythrée, parlée également en Ethiopie]. Nous allons rester pendant le démantèlement, puis après, pour continuer à faire du suivi.

Quelle est la priorité dans ce processus ?

Le besoin crucial aujourd’hui, c’est une prise en charge appropriée. Actuellement, environ 6 000 migrants vivent dans des conditions déplorables dans cette « jungle » et il y a une pénurie des services essentiels. Il faut bien sûr que toutes les personnes soient mises à l’abri, mais aussi qu’on leur fournisse suffisamment d’informations sur ce qu’il va se passer avant le démantèlement et surtout après, afin qu’ils puissent faire leur demande d’asile.

Les mineurs bénéficient-ils d’une prise en charge spécifique ?

Il faut être particulièrement vigilant à informer les mineurs isolés avant le démantèlement pour qu’ils ne quittent pas les lieux par eux-mêmes et se retrouvent à la rue ou exploités. Ils peuvent vouloir rejoindre leur famille par leurs propres moyens. Selon le dernier recensement de France Terre d’asile, les mineurs isolés sont 1 290 dans la « jungle », dont 200 qui ont de la famille identifiée en Grande-Bretagne. Nous devons les informer dès à présent sur les options dont ils disposent, notamment les possibilités d’hébergement en France.

Ce qui a été constaté dernièrement, c’est que lorsqu’ils ont accès cette information, les mineurs sont finalement beaucoup à choisir de rester en France. Dans tous les cas, pour les enfants, il est important que les solutions soient trouvées avant le démantèlement. Ils sont la priorité.

Calais reste le point d’accès français le plus proche du Royaume-Uni. Les migrants ne risquent-ils pas de revenir après le démantèlement ?

La réflexion sur l’après est déjà en cours. Une chose est importante : qu’il puisse y avoir toujours des infrastructures de transit sur place. Nous voyons régulièrement des personnes qui arrivent à Calais juste parce qu’elles savent qu’à partir d’ici, elles peuvent être transférées dans des centres d’hébergement. Il faut donc un mécanisme qui permette de transférer rapidement les personnes vers des structures d’accueils ailleurs en France, plus au sud.

Selon les derniers chiffres du gouvernement, depuis le début de l’année, plus de 5 900 transferts dans des centres d’accueils et d’orientation ailleurs en France ont été faits depuis Calais. D’ailleurs nous félicitons les autorités françaises, qui ont pratiquement doublé les places dans les CADA [centres d’accueil de demandeurs d’asile]. Nous les encourageons à augmenter encore le nombre de places. Il en faudrait 20 000 supplémentaires.