Le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2017, qui se tiendra du 14 janvier 2017 au 5 février 2017, aura bien lieu mercredi 19 octobre à Libreville. Officiellement, le tournoi se déroulera au Gabon. En effet, le Marocain Hicham El Amrani, secrétaire général de la Confédération africaine de football (CAF), a déclaré récemment à France Football « qu’il n’y a pas de plan B à l’heure où je vous parle », alors que le Maroc et même l’Algérie ont été cités pour suppléer le pays organisateur, secoué par de graves violences après la réélection d’Ali Bongo.

Mais la situation politique du Gabon, combinée au retard pris dans l’avancée des travaux nécessaires à la bonne tenue de la compétition, fait encore peser plusieurs incertitudes. Car la CAF, même si elle le dément, a bien envoyé discrètement au Maroc ses émissaires, chargés de vérifier que le royaume dispose de toutes les infrastructures indispensables.

Pour les partisans de Jean Ping, le samedi 15 octobre marquera constitutionnellement la fin du premier mandat d’Ali Bongo en tant que président de la République. Et sur les réseaux sociaux, des appels à l’incivisme constitutionnel et politique circulent, confirmant le climat particulier qui règne au Gabon.

Un calme inquiétant

« Il est de plus en plus question d’une marche de l’opposition le 16 octobre à Libreville, mais aussi dans la plupart des autres villes du pays, le climat est particulier. La situation est calme, mais il y a beaucoup de policiers et de militaires dans les rues. Et les Gabonais estiment qu’il va se passer quelque chose très bientôt », estime une source proche de la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) ayant requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. « Si cette marche a bien lieu, on peut craindre des incidents. Et cela ferait peser de nouvelles incertitudes sur la capacité du Gabon à accueillir un événement comme la CAN », précise-t-elle.

Au lendemain du tirage au sort du 19 octobre, et si rien ne vient bousculer d’ici là l’agenda officiel, la délégation de la CAF et celle des quinze équipes qualifiées pour la phase finale (le Gabon est qualifié d’office en tant que pays organisateur) seront invitées à visiter les sites retenus. Cinq stades – deux à Libreville, un à Franceville, un à Port-Gentil et un à Oyem – avaient été choisis.

« Les délégations risquent d’avoir de mauvaises surprises », poursuit cette source. Ainsi, les travaux de rénovation du stade Omar-Bongo, supposé abriter le match d’ouverture et la finale, ont pris tellement de retard qu’il a finalement été disqualifié par le comité d’organisation. A Franceville, la pelouse actuelle est tellement abîmée que la pose d’une nouvelle aire de jeu semble inévitable. Mais c’est à Port-Gentil et surtout à Oyem que les regards se focalisent.

Travaux retardés

Sur ces deux sites, où de nouveaux stades sont en construction (20 000 places à Oyem, 25 000 places à Port-Gentil), les travaux ont été retardés à cause des événements post-électoraux. « Le stade d’Oyem est situé à 15 kilomètres du centre-ville. Il est construit par les Chinois et, ici, il se dit qu’ils le font gratuitement. En échange, ils peuvent exploiter certaines ressources naturelles du Gabon, comme le bois ou le manganèse. A Oyem, il faut aussi savoir qu’il y a très peu d’hôtels. Seulement trois. Cela signifie qu’il faudra installer deux équipes dans le même établissement, ce qui n’est pas idéal. Et il va falloir trouver des solutions pour accueillir les officiels de la CAF, la presse et les supporters étrangers. » Dans cette ville du nord du Gabon, la situation sanitaire est également inquiétante, puisque l’hôpital n’est plus aux normes internationales.

Les troubles politiques et économiques qui sévissent au Gabon ont un peu plus éloigné la population locale du premier événement sportif africain, un sentiment renforcé par les résultats médiocres de la sélection nationale. « Les Gabonais sont assez nombreux à penser qu’organiser une CAN actuellement n’est pas une priorité vu la situation du pays. Construire des stades ou les rénover coûte beaucoup d’argent », ajoute notre interlocuteur.

L’Etat gabonais entretient d’ailleurs lui-même les rumeurs sur les difficultés qu’il rencontre pour être prêt le jour J. Le comité local d’organisation a récemment demandé à la CAF de décaler le coup d’envoi de quelques jours, afin de pouvoir achever tous les travaux. L’instance a refusé de bouleverser son calendrier. Le Maroc, qui dispose de toutes les infrastructures nécessaires (sportives, hôtelières, sanitaires…), se tient prêt. Au cas où.