Pixels : la liberté de la presse menacée ?
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Benoist Apparu, député de la Marne et porte-parole d’Alain Juppé, était l’invité, dimanche 2 octobre, de l’émission « Questions politiques » (en partenariat avec Le Monde, France Inter et France Info).

Interrogé sur le projet de loi égalité et citoyenneté, adopté par le Sénat, qui rénove en profondeur la loi sur la presse de 1881, il a estimé que la lutte contre la diffamation et l’injure sur Internet était « légitime », citant les « dérives délirantes sur Internet ». Il s’est montré sceptique sur le fait d’« appliquer aux modalités d’aujourd’hui une loi de 1881, quand l’ordinateur n’existait même pas » et a jugé que cette loi n’était pas « intangible » et qu’il était possible de « l’adapter à la marge ».

Il s’est cependant démarqué de la majorité sénatoriale qui a voté le projet de loi :

« On peut avoir un constat judicieux sur un problème à résoudre, sans que la préconisation qui est faite, celle des sénateurs en l’occurrence, soit la bonne. Restreindre la liberté d’expression sur le numérique ou pour les journalistes serait une erreur majeure. Mais adapter la loi au numérique me paraît nécessaire. »

Pour Benoist Apparu, il faut demander aux réseaux sociaux de lutter davantage contre les abus qui ont lieu sur leurs plates-formes, même si cette coopération est « compliquée à obtenir ». Pour le porte-parole d’Alain Juppé, « il faut trouver des voies de contournement parce qu’on sait bien que les réseaux sociaux ou les fournisseurs de messageries font un peu ce qu’ils veulent et se foutent complètement de la législation française ». De plus, explique-t-il, « il y a une contradiction entre, d’un côté, protéger l’internaute et la liberté de la presse, et de l’autre, taper sur le réseau social. Si j’arrive à “contrôler” le réseau social pour faire en sorte que ce soit lui qui fasse la police interne, on va limiter la liberté d’expression de celui qui l’utilise ».

Il a enfin expliqué la constance des débats sur les lois à l’heure du numérique par le fait qu’il y a « des réseaux totalement mondialisés et une régulation qui ne l’est pas » :

« C’est beaucoup plus facile pour les Américains de traiter ces questions car les entreprises sont américaines, ils ont des leviers largement supérieurs aux nôtres. »