REMY GABALDA / AFP

Une petite scène centrale, des tables rondes autour et des écrans de télévision aux quatre coins de la salle. Au milieu, un Jean-Luc Mélenchon qui se déplace, veste noire sur chemise blanche, micro-cravate, sans notes la plupart du temps. Bienvenue à la convention de La France insoumise, le nouveau mouvement du candidat à la présidentielle, qui se tenait samedi et dimanche à Saint-André-Lez-Lille (Nord).

Dimanche, le député européen, qui se situe désormais « hors parti », a clos ce rassemblement avec un discours d’une heure et demie où il a défendu plusieurs mesures phares de son programme, baptisé L’Avenir en commun et présenté à cette occasion.

« Nous devons ouvrir les bras parce que des millions de personnes ne savent plus où elles en sont. Quand on leur dit ‘la gauche’, ils entendent François Hollande et ils n’en ont pas envie. Quand on leur dit la droite, ils entendent les sept de l’autre soir et ils n’en ont plus envie non plus. »

« Stabiliser la vie des gens »

Réservant ses flèches à la droite et à ses candidats à la primaire « absolument déconnectés », le cofondateur du Parti de gauche a déroulé un discours très écologique. Bien manger, agriculture paysanne ou circuits courts étaient au menu.

Il a de nouveau plaidé pour « la planification écologique », lui qui en a « ras-le-bol » qu’on lui répète « depuis dix ans » que « la planification, c’est comme l’URSS ».

« Tout le monde planifie. De Gaulle planifiait, ce n’était pas un communiste. Si on ne planifie pas, on ne pourra pas faire la transition écologique. »

Les idées de la droite, et notamment la retraite à 65 ans souhaitée par Alain Juppé - « le modéré, celui que, paraît-il, vous aimez tellement que vous êtes prêts à aller voter pour lui à la primaire » - lui ont également permis de mettre en valeur ses propres solutions.

La retraite à 60 ans, un smic mensuel à 1 300 euros net et le CDI comme règle afin de « stabiliser la vie des gens ». Sans oublier ses propositions pour une VIe République : assemblée constituante pour rédiger une nouvelle Constitution, référendum révocatoire, vote à 16 ans et vote obligatoire avec sa « contrepartie », la reconnaissance du vote blanc. Le candidat à la présidentielle en a aussi profité pour démentir avoir qualifié les bombardements en Syrie de « bavardages ».

« Ce que vous appelez immigration et réfugiés, c’est de l’exil forcé. Il faut faire cesser les guerres. »

Un peu plus tôt, le millier de participants tirés au sort parmi les 130 000 personnes qui ont appuyé la candidature de M. Mélenchon sur sa plateforme, jlm2017.fr, avaient sélectionné une dizaine de « mesures emblématiques » de la campagne extraites du programme. Refus des traités de libre-échange, abrogation de la loi El Khomri, sortie des traités européens ou encore sortie du nucléaire viendront nourrir les prochains tracts.

Casser les codes

Dans cet événement, retransmis en direct sur YouTube, tout a été fait pour casser les codes politiques traditionnels. Fini le rouge omniprésent, place au bleu. Sur les écrans, les tweets d’internautes défilent et les réseaux sociaux sont mobilisés à plein. Un nouveau logo, la lettre grecque phi pour le FI de France insoumise, rouge cette fois, symbolise la campagne. « Il y a une volonté de travailler des dispositifs qui ne sont pas classiques », reconnaît le directeur de campagne de M. Mélenchon, Manuel Bompard.

Chaque participant a aussi reçu plusieurs documents, dont le « petit carnet » dans lequel chacun trouvera des outils pour militer. Un guide pratique qui permet à chacun de se fixer un objectif : vérifier que ses proches sont bien inscrits sur les listes électorales, collecter des dons ou encore faire du « phoning » depuis son canapé. « La recette parrainages » explique aussi comment démarcher des maires pour décrocher les précieux parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter. Dans une interview au Journal du dimanche, M. Mélenchon a indiqué en avoir récolté pour l’heure 270 sur les 500 nécessaires.

Les législatives étaient enfin au programme de la convention. Vingt personnalités ont déjà été désignées et l’ensemble des candidats le sera d’ici à la fin de l’année. Ces derniers devront signer une charte afin de donner un cadre cohérent à l’ensemble. « Notre camp politique a été illisible aux dernières élections et nous ne voulons plus de configurations à géométrie variable », indique M. Bompard.

Un message destiné au PCF qui n’a toujours pas rejoint la campagne de M. Mélenchon. Ce dernier a conclu son discours par un petit mot à leur égard. « Bien sûr qu’il y a des absents qui me manquent, qu’est ce que vous croyez », a-t-il lancé.

Tout en rappelant les conditions pour participer à sa campagne : « respecter le programme », « une même campagne à la présidentielle et aux législatives » et accepter le cadre de la France insoumise. Pas sûr que les communistes, eux, s’y retrouvent.