Kigeli V, dernier roi du Rwanda, en 2016, à Washington. | Washingtonian

Le dernier roi du Rwanda, Kigeli V, est décédé, dimanche 16 octobre au soir, à Washington à l’âge de 80 ans, a annoncé son site internet officiel sans préciser les causes de sa mort.

Kigeli V, né Jean-Baptiste Ndahindurwa, vivait en exil depuis 1960 après un conflit avec les autorités coloniales belges en amont de l’indépendance du Rwanda.

Il avait d’abord résidé dans plusieurs pays d’Afrique avant de s’installer définitivement aux Etats-Unis en 1992, dans la banlieue de Washington.

Il avait succédé en 1959 à son demi-frère Mutara III, décédé dans des circonstances troubles, à la veille de la « révolution sociale » hutu en novembre de la même année qui avait chassé du pays des dizaines de milliers de Rwandais tutsi.

Ceux-ci ne rentreront pour la plupart au Rwanda qu’au lendemain du génocide en 1994, qui avait fait environ 800 000 morts.

Expulsion

Kigeli V était un tutsi, mais la tradition voulait que l’institution royale représente tous les Rwandais et transcende les clivages ethniques.

Toutefois, en s’appuyant sur la minorité tutsi pour diriger le pays et en excluant la majorité hutu de toute charge importante, le colonisateur belge avait creusé les antagonismes. Progressivement, aux yeux de la majorité opprimée, la monarchie était devenue une institution tutsi.

A l’issue de la « révolution sociale » qui met fin à l’ordre hiérarchique de la période coloniale belge, la royauté rwandaise, déjà très affaiblie, parvient encore à se maintenir. Mais, en juin 1960, le roi demande aux Nations unies de l’aider à obtenir l’indépendance du Rwanda, ce qui provoque son expulsion du pays par les autorités belges. En septembre 1961, la monarchie est abolie par référendum et le Rwanda acquiert son indépendance l’année suivante.

Depuis 1994 et la prise de pouvoir du Front patriotique rwandais (FPR), issue d’une ex-rébellion tutsi dirigée par le président actuel Paul Kagame, la question du retour du roi au Rwanda était régulièrement évoquée. Toutes les tentatives avaient cependant échoué : les autorités du FPR se sont toujours dites prêtes à son retour en tant que simple citoyen, mais Kigeli V n’acceptait de rentrer qu’en tant que monarque.

La question avait été relancée en mai, estimant que le roi pouvait être un facteur d’unité pour un peuple qui panse encore les plaies du génocide. Mais plus aucun parti politique rwandais ne se réclame plus de la monarchie et beaucoup estiment qu’elle relève désormais du « folklore ».