Le nouveau président de l’OM, Jacques-Henri Eyraud (en haut), le 18 septembre. | BORIS HORVAT / AFP

Il adore IAM, la légende du hip-hop marseillais, et voue un culte à la musique des Clash, le mythique groupe punk anglais. Mais quand il arrive à un rendez-vous pour évoquer ses fonctions de président-directeur général de l’Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud, 48 ans, évoque le rappeur californien Warren G, qu’il écoute dans son casque, et affiche une décontraction très américaine. Cet ex-étudiant d’Harvard, salarié pendant six ans du groupe Disney, se définit même comme « américanophile ».

Le nouvel homme fort de l’OM, officiellement désigné par Frank McCourt, le 9 septembre, et qui a présenté le projet de reprise de l’homme d’affaires américain devant le comité d’entreprise du club, apparaît déjà comme une personnalité inédite dans le microcosme du foot français. Son anglais impeccable – il l’a utilisé pour servir d’interprète à M. McCourt –, son air sérieux derrière ses petites lunettes et, surtout, sa « volonté de transparence », régulièrement affirmée, surprennent déjà. « Le fait de diriger un club de football ne justifie absolument pas de perdre la tête, pose Jacques-Henri Eyraud. Je suis quelqu’un de très rationnel, analytique. J’entends rester moi-même. »

Mis en doute sur son passé de sportif de haut niveau, M. Eyraud a adressé aux journaux d’antiques convocations fédérales pour prouver qu’il a bien été membre de l’équipe de France de taekwondo de 1985 à 1987… Une rumeur lui prête une passion de supporteur pour le Paris-Saint-Germain, le club de sa ville natale ? Il s’émeut et se remémore avec nostalgie les exploits de « Mozer et Waddle », ces joueurs qu’il a vus briller, debout dans les virages du Stade-Vélodrome.

L’entrepreneur, cofondateur du groupe de médias Sporever, assure être tombé amoureux de la région marseillaise depuis qu’il s’est installé à Aix-en-Provence, il y a sept ans, pour être au contact de l’essentiel des 250 salariés du groupe Paris Turf, dont il préside toujours le conseil d’administration. Des responsabilités qu’il promet de quitter d’ici à sa prise de fonctions à l’OM.

A Aix, ses employés ont découvert la nouvelle passion du patron… dans la presse. Fin août, le président-directeur général de Turf Editions, Philippe Abreu, les a réunis pour apaiser les – rares – inquiétudes. « Je leur ai dit que cela ne changeait rien pour nous car l’OM est une aventure personnelle pour M. Eyraud, explique M. Abreu. Il n’y aura pas d’impact car il n’y a pas de liens entre les deux projets. » Turf Editions – « neuf quotidiens dont Paris Turf, 120 000 exemplaires vendus en kiosques, six sites Internet », complète M. Abreu – affiche une belle santé économique : 65 millions d’euros de chiffre d’affaires et 3 millions de revenus en 2015.

Paris sportifs

Spécialisé dans les courses hippiques, le groupe s’occupe aussi de paris sportifs, depuis l’ouverture de ce marché en France. Via une filiale de Paris Turf, M. Eyraud pilote ainsi le site Genybet, où l’on peut jouer sur les courses hippiques… et les résultats de l’OM. Là encore, le futur président olympien se veut transparent : « Même si les paris sportifs sur la Ligue 1 représentent 0,1 % du chiffre d’affaires de Paris Turf et sont externalisés, je mettrai en œuvre toutes les mesures nécessaires pour être en conformité avec la réglementation dès ma prise de fonctions », annonce-t-il. Une clarification obligatoire. Alertée, l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) rappelle que la loi du 12 mai 2010 et le code du sport interdisent à tout président de club « de détenir le contrôle, directement ou indirectement, d’un opérateur de paris en ligne ».

« J’ai envie de faire en sorte que les valeurs d’intégrité, d’éthique soient extrêmement importantes au quotidien par rapport à l’OM », promet Jacques-Henri Eyraud, qui reconnaît que son téléphone chauffe déjà sous les appels d’agents et d’intermédiaires. Son autre défi managérial touche à la spécificité locale : « Comment respecter la tradition, la légende si forte dans ce club, avec la nécessité de faire évoluer l’OM dans ses pratiques, ses méthodes, sa culture de la victoire ? », interroge-t-il, en quête de « l’équilibre » qui fera à nouveau gagner l’OM.